Tous les médecins, généralistes et spécialistes, sont concernés, tant ces antibiotiques ont été de prescription courante. L'Agence européenne du médicament (EMA) recommande une restriction des indications des fluoroquinolones « afin que ces antibiotiques soient réservés aux infections pour lesquelles l'utilisation d'un antibiotique est indispensable et où d'autres antibiotiques ne peuvent pas être utilisés », est-il indiqué dans un communiqué de l'ANSM.
Suite à une réévaluation de tous les antibiotiques de la famille des (fluoro)quinolones, l'EMA a même jugé défavorable la balance bénéfice/risque de la fluméquine et la seule spécialité commercialisée en France (Apurone) « sera donc retirée du marché », précise l'ANSM.
Les autres substances actives disponibles en France (ciprofloxacine, lévofloxacine, loméfloxacine, moxifloxacine, norfloxacine, ofloxacine) restent commercialisées mais font l'objet de restriction.
Des restrictions fortes
L'agence sanitaire française demande aux professionnels de santé de ne pas prescrire ces médicaments (que la voie d'administration soit systémique ou inhalée) :
– pour traiter des infections non sévères ou spontanément résolutives (par exemple : pharyngite, angine et bronchite aiguë) ;
– pour prévenir la diarrhée du voyageur ou les infections récidivantes des voies urinaires basses ;
– pour traiter des infections non bactériennes, par exemple la prostatite (chronique) non bactérienne ;
– pour traiter des infections de sévérité légère à modérée (notamment cystite non compliquée, exacerbation aiguë de la bronchite chronique et de la broncho-pneumopathie chronique obstructive [BPCO], rhino-sinusite bactérienne aiguë et otite moyenne aiguë), à moins que les autres antibiotiques habituellement recommandés pour ces infections soient jugés inappropriés ;
– chez des patients ayant déjà présenté des effets indésirables graves avec un antibiotique de la famille des quinolones ou fluoroquinolones.
Risque d'effets indésirables graves et durables
L'EMA a émis cette recommandation au regard du « risque d'effets indésirables graves, durables (durant plusieurs mois ou années), invalidants et potentiellement irréversibles, affectant le système musculo-squelettique et le système nerveux », est-il précisé. En novembre 2018, l'ANSM avait alerté sur le risque d'anévrisme et de dissection aortique.
Il est demandé de redoubler de prudence « chez les personnes âgées, les patients atteints d'insuffisance rénale, les patients ayant bénéficié de greffes d'organes solides et ceux traités simultanément par des corticoïdes », car le risque de tendinite et de rupture de tendon induites par les fluoroquinolones peut être plus élevé chez ces patients. Il est de plus souligné d'éviter l'utilisation concomitante de corticoïdes et de fluoroquinolones.
L'ANSM demande aux professionnels d'informer les patients « d'arrêter le traitement et consulter leur médecin dès l'apparition de symptômes tels que des douleurs ou une faiblesse musculaire et des douleurs ou gonflements des articulations », est-il écrit. Une lettre d'information sera envoyée aux professionnels de santé sous l'autorité de l'ANSM.
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