« Si aujourd’hui les collaborateurs de Servier reçoivent leur chèque à la fin du mois, c’est bien grâce à nos performances à l’export », lâche Olivier Laureau, le président du labo français indépendant lors d’une table ronde sur l’export. Cette puissance de feu est loin d’être valorisée par les institutionnels. Pourtant, les produits de santé constituent le troisième secteur exportateur avec 28,7 milliards d’euros. Le G5 santé à lui seul réalise 16,5 milliards d’euros à l’export. Le solde de la balance commerciale du G5 est largement positif. Et s’élève à 9 milliards d’euros.
France, quatrième place européenne en matière de production
Cet atout majeur pour la France est toutefois menacé à terme. L’Hexagone autrefois leader sur le critère de la production pharmaceutique ne cesse de perdre des places dans la classe européenne. Elle pointe désormais à la quatrième place derrière l’Allemagne, la Suisse et l’Italie. Le Royaume-Uni et l’Irlande sont en embuscade. C’est le fruit de la guerre sans merci que se livrent Les pays étrangers pour attirer de nouveaux investissements. Le livre blanc du G5 rappelle le lancement d’un plan en janvier dernier lancé par Matteo Renzi pour hisser l’Italie, deuxième exportateur mondial, sur la première place du podium. Le prix facial est un instrument de choix. Quant aux médicaments anticancéreux, ils ont été retirés du plafonnement budgétaire. En Espagne, le programme Profarma repose surtout sur la réduction des délais d’accès au marché pour les entreprises qui réalisent des investissements. L’impact a été immédiat. Et a généré un milliard d’euros d’investissements en production pour la seule année 2015. Au Royaume-Uni, les politiques mènent une action sur le long-terme avec un programme sur dix ans lancé en 2012.
Effet papillon
Mais l’ennemi est aussi intérieur et se dissimule derrière les baisses de prix des médicaments décidées dans l’Hexagone. En effet, se produit là un effet papillon. Toute baisse d’un euro sur le prix du médicament décidée en France est répercutée à l’international. Olivier Laureau plaide donc pour la mise en place d’un dispositif largement implanté à l’international, le prix facial. Il n’y aurait là aucun surcoût pour l’assurance-maladie. Un versement de remises produit « spécifiques export » compenserait à l’euro près le coût pour la collectivité. Autre avantage, ce prix facial permettrait de préserver les installations industrielles en France. Ce dossier traduit bien l’absence d’arbitre dans le champ de la santé.
Rattacher le CEPS au Premier ministre
Aujourd’hui, ce secteur prioritaire est sous la tutelle de quatre à cinq ministères avec des objectifs différents. Le secrétariat au Budget gère le court-terme. Le ministère de l’Economie porte une vision à une échelle de temps plus longue. Et serait loin d’être d’inerte. « Nous accompagnons 215 sociétés françaises cette année à Médica, le premier salon européen dans le domaine des technologies de santé à Dusseldorf. Cette visibilité est le résultat d’une présence déjà longue à ce salon. A ce jour les places sont chères. Le délai d’attente est de cinq à six ans avant de pouvoir y participer », témoigne Frédéric Rossi, directeur général délégué-export, Business France. Comment alors conjuguer les bonnes volontés ? Olivier Laureau au nom du G5 lors de la table ronde, puis Marc de Garidel (président d’Ipsen et du G5) lors de la conférence de presse suggèrent afin de briser « les conflits d’intérêts » entre ministres une première réponse. La proposition figure dans le livre blanc. Le Comité économique des produits de santé (CEPS) serait rattaché au Premier ministre. Il se transformerait en délégation interministérielle. La recherche et le commerce extérieur seraient des membres à part entière. Chiche ?
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