Le modèle français que le monde nous envie d'identification des marqueurs génomique serait-il en danger ? Dès l'introduction, le Dr Étienne Rouleau (chef de service de génétique des tumeurs, Institut Gustave-Roussy, Villejuif) a pointé les menaces qu'a introduites un nouveau mode de financement. Le système a pourtant démontré son efficacité. En 2016, 83 000 patients ont bénéficié de ces tests. 140 000 ont été réalisés la même année. Pour autant, la pérennité de l'accès à ces diagnostics de pointe est loin d'être garanti. Auparavant, les laboratoires qui exécutaient les tests étaient rémunérés au nombre d'examens produits. Désormais, « le laboratoire n'est plus rétribué mais le médecin prescripteur », explique le Dr Janick Selves (département d'anatomopathologie, plateforme de biologie moléculaire, Inca Midi-Pyrénées). Autre réforme de taille, l'enveloppe Merri qui finance ces tests est à budget fermé. Elle comprend d'une part une liste complémentaire d'actes déjà évalués par la HAS et en attente d'inscription à la nomenclature. D'autre part, elle permet le financement du référentiel des actes innovants hors nomenclature de biologie et d'anatomie (RIHN) pendant une période de trois ans en situation clinique. Mais ce dispositif est en situation de blocage. Certes, la réforme a ouvert le marché au secteur privé. Les plateformes mises en place par l'Inca ne jouissent plus d'un monopole. Mais la situation financière soulève de nombreuses inquiétudes. En 2017, le montant des examens s'élève à 680 millions d'euros. Or, le budget programmé avait été fixé à 380 millions. Le compte n'y est pas. La DGOS a donc proposé une prise en charge à hauteur de 53 % environ du dépassement. « On craint l'arrêt de prescription pour certains actes standards, dans le cancer du poumon par exemple », explique le Dr Janick Selves. Dans le même temps émergent de nouvelles techniques comme le séquençage haut débit et l'ADN tumoral circulant, sans parler de forte demande de nouveaux examens liés aux innovations thérapeutiques. Dans le cancer du poumon par exemple, la mise en évidence de l'expression du PDL1 est nécessaire avant la prescription d'une immunothérapie. La charge mutationnelle est un autre instrument qui guide la prescription. « La réponse du traitement varie en fonction des résultats de la CM », précise le Dr Nicolas Girard, oncologue à l'institut Curie. Dans le cancer de l'ovaire, les inhibiteurs des Parp ont changé la donne. Leur prescription est conditionnée à la mise en évidence de la mutation BRCA. « Une étude en cours évalue l'intérêt par ailleurs d'associer une immunothérapie au traitement standard », explique le Pr Gilles Freyer (oncologue, Hospices civils de Lyon). Enfin, dans le cancer du sein avancé, « les signatures moléculaires permettent de classer les patientes en fonction de leur risque de récidive », avance le Dr Johanna Wassermann (oncologue, hôpital de la Pitié-Salpêtrière). Cet élan sera-t-il brisé par les questions budgétaires ?
D'après la séquence « Anticiper l'évolution du cancer et la réponse au traitement par les marqueurs génomiques et les techniques de profiling », 27 novembre 2018.
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité