En France, l’exposition aux antibiotiques à usage humain a diminué en 2019. Et en particulier en ville, où 93 % de ce genre de médicaments seraient dispensés. C’est ce qu’indique la synthèse One Health 2020, qui, à l’occasion de la Journée européenne d’information sur les antibiotiques, actualise « les informations disponibles sur la consommation d'antibiotiques, l’antibiorésistance et sa prévention ».
Publié conjointement par cinq autorités sanitaires, ce document propose plus précisément d’analyser, en matière de santé humaine, l’évolution d’au moins trois grands types de données, à commencer par des informations concernant la quantité d’antibiotiques dispensés et donc consommés sur le territoire enregistrée par l’ANSM. Autres chiffres étudiés : ceux fournis par l’Assurance maladie, qui suit non seulement les remboursements d’antibiotiques, mais aussi, via la Rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp), les prescriptions réalisées en médecine générale et par les « médecins traitants de l’enfant ». Enfin, des informations concernant les médicaments prescrits et dispensés aux résidents d'environ 300 Ehpad ont également été intégrées aux estimations.
Une diminution de l’utilisation des antibiotiques continue depuis 3 ans
Au total, l’analyse de toutes ces statistiques confirme bien, en 2019, une légère réduction de l’usage des antibiotiques en ville en fait identifiée dès 2016.
Concernant les consommations, « depuis 10 ans, [l’utilisation] d'antibiotiques s'était stabilisée mais amorce une diminution lente depuis 3 ans », explique en effet le rapport. Ainsi, si elles s’élevaient à plus de 25 doses pour 1 000 habitants et par jour en 2009, les consommations d’antibiotiques atteignaient en 2019 : 23,3 doses pour 1 000 personnes et par jour.
Cette réduction faible mais significative des consommations est associée à une diminution des prescriptions d’antibiotiques en ville, et notamment en médecine générale. En 2019, le nombre de prescriptions de ce genre de médicaments réalisées par les généralistes a en effet reculé de près de 3 points pour 100 patients par rapport à 2018, et de près de 7 points par rapport à 2016.
Moins d’antibiotiques générateurs de résistances
Si les médecins généralistes semblent globalement prescrire moins d’antibiotiques, on constate surtout, en médecine générale, une chute des prescriptions des médicaments particulièrement générateurs de résistance. Ces trois dernières années, les prescriptions d’Augmentin, de céphalosporines de 3ème ou de 4ème génération (C3G ou C4G) et de fluoroquinolones ont en effet reculé « de façon plus marquée », se félicite le rapport : en 2019, le nombre de ces prescriptions réalisées par les généralistes aurait reculé de plus de 2 points pour 100 habitants par rapport à 2018, et de plus de 8 points par rapport à 2016.
Une tendance probablement également suivie par les pédiatres et par les gériatres. C’est qu’en 2019, les prescriptions de C3G et de C4G par les « médecins traitants de l’enfant » ont elles aussi baissé, de plus de 7 % chez les enfants de 4 à 15 ans, et de près de 13 % chez les plus petits par rapport à 2016. De même, les chiffres recueillis auprès des Ehpad montrent un recul de 17 % des prescriptions de C3G par voie orale, de 10 % des prescriptions de ceftriaxone et de fluoroquinolone, et en particulier de la norfloxacine (-40 %) et de l’ofloxacine (-15 %).
Recul des résistances aux C3G
Reste cependant à savoir si cette modification légère mais significative des pratiques a déjà montré une efficacité, c’est-à-dire a permis un recul des antibiorésistances. Pour répondre, Santé Publique France a utilisé les données obtenues en 2019 par deux missions, Primo et Spares, qui ont-elles mêmes, par l’intermédiaire d’un réseau de biologistes médicaux et d’Ehpad intégrées à un établissement de santé, recueilli les résultats de près de 500 000 antibiogrammes réalisés pour des souches d’Escherichia coli dans 13 régions.
Résultat : en ville, alors qu’elle avait augmenté au début des années 2000 jusqu’au milieu des années 2010, la résistance d’E. coli aux C3G diminue également depuis 2016. Ainsi, en 2019, l’antibiorésistance présentée par cette espèce aurait reculé de plus de 3 %. Ce ne serait cependant pas encore le cas des résistances aux fluoroquinolones, qui resterait néanmoins stable depuis 2012.
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