Une étude montre qu’à 10 ans, le risque cumulé de carcinome hépatocellulaire (CH) et de fibrose chez des patients atteints d’une hépatite chronique diminue avec l’utilisation de statines. Une association plus marquée avec les statines lipophiles (simvastatine, atorvastatine, lovastatine, fluvastatine, pitavastatine) et une prise au long cours. De manière plus générale, les patients atteints d’une hépatite chronique traités par statines avaient un risque diminué de décompensation hépatique par rapport à ceux qui ne prenaient pas de statines. Pour les auteurs, cette étude – publiée dans le Jama Internal Medicine – arguerait en faveur d’un « potentiel traitement préventif par statines chez les patients atteints d’une hépatite chronique », en gardant en tête l’importance de l’effet dose-dépendant.
Amélioration de la microcirculation
D’après les données de suivi de 16 501 patients atteints d’une hépatite chronique, âgés en moyenne de 59,7 ans et à 59,1 % des hommes, les utilisateurs de statines (n = 3 610) présentaient une incidence cumulative à 10 ans de CH et de décompensation hépatique plus faible que les non-utilisateurs. Dans le détail, les auteurs retrouvent, pour le CH, une incidence de 3,8 % dans le groupe statine contre 8 % dans le groupe contrôle ; et pour la décompensation, une incidence de 10,6 % contre 19,5 %.
Lorsque la dose quotidienne cumulée de statines dépassait 600 ou si la statine était lipophile, la réduction du risque était plus importante. En effet, avec les statines hydrophiles (rosuvastatine, pravastatine), l’incidence cumulative de CH à 10 ans était de 4,1 % et celle de la décompensation de 7,9 %, et avec les statines lipophiles, les incidences étaient de 3,7 et 11,2 % respectivement. Une différence que les auteurs expliqueraient par « la plus grande efficacité des statines lipophiles pour prévenir la réplication virale, potentialiser les thérapies antivirales et stimuler l’immunité anti-tumorale ». De manière plus générale, les auteurs s’appuient sur une littérature existante ayant mis en évidence l’association « chémopréventive » des statines dans le CH (effets antifibrotiques, amélioration de la microcirculation, réduction des taux de procollagène I…).
Pour 7 038 patients, des données de classification du risque de progression de la fibrose (FIB-4) étaient disponibles et ont montré que les utilisateurs de statines avaient moins de risque que les non-utilisateurs de voir leur fibrose progresser. Ils avaient même plus de chances d’inverser la tendance. Ainsi, parmi les patients de risque intermédiaire à l’inclusion, seulement 14,7 % des utilisateurs de statines ont évolué vers un risque haut contre 20 % dans le groupe non-utilisateur ; et parmi les patients de risque avancé à l’inclusion, 31,8 % des utilisateurs de statines sont repassés au risque intermédiaire et 7 % au risque faible (contre 18,8 et 4,3 % chez les non-utilisateurs).
L’aspirine et la metformine diminuent aussi le risque
Les auteurs ont également observé des interactions significatives entre l’usage de statines et celui d’aspirine ou de metformine. Ainsi, parmi les utilisateurs d’aspirine, la prise de statines était associée à une réduction plus importante du risque de CH (HR = 0,46) par rapport aux non-utilisateurs de statines. Pour la metformine, cette réduction est également plus importante (HR = 0,47). Des données qui corroborent celles d’autres études.
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