Docétaxel : l'ANSM maintient la suspension temporaire

Publié le 01/05/2017
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Crédit photo : SPL/Phanie

L'Agence du médicament (ANSM) a annoncé vendredi le maintien de la recommandation de ne pas utiliser, par précaution, le docétaxel dans le traitement des cancers du sein opérables, tandis que l'enquête sanitaire sur ce médicament, lancée après des décès, se poursuit. La suspension temporaire pour cette forme de cancer du sein est maintenue à ce stade dans l'attente d'éléments complémentaires issus de l'enquête nationale de pharmacovigilance étendue à tous les effets indésirables du docétaxel et du suivi en continu du médicament alternatif préconisé (le paclitaxel). Sont également attendues en octobre des recommandations de bonnes pratiques de l'Institut national du cancer (INCa) concernant les deux traitements, selon l'ANSM.

Le docétaxel reste en revanche utilisé pour d'autres cancers. "Le docétaxel reste un médicament majeur dans l'arsenal thérapeutique", a dit à l'AFP Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice adjointe de l'ANSM vendredi à l'issue d'une réunion avec l'INCa et des cancérologues pour faire un "point d'étape" sur les investigations.

L'Agence du médicament avait lancé une enquête de pharmacovigilance en septembre dernier après un "pic de signalements", à la suite du décès de plusieurs femmes soignées pour un cancer du sein.

Sur vingt ans, 187 cas d'effets indésirables graves (colites ou chocs septiques) dont 47 ont conduit à un décès (principalement chez des patients traités pour cancer du sein ou de la gorge), ont été recensés, a précisé vendredi l'agence sanitaire.

Selon le rapport d'enquête de pharmacovigilance daté de mars et discuté vendredi dernier, le nombre de patients traités par docétaxel a progressé jusqu’en 2007 (environ 30.000 patients par an) pour diminuer à partir de 2011 (environ 12.000 en 2016). Le nombre de cas d'effets indésirables graves rapporté au nombre estimé de patients traités est stable jusqu’en 2009, de l'ordre de 25 pour 100.000. Il est multiplié par 2,8 entre 2009 (24,6 pour 100.000) et 2010 (69,1 pour 100.000). Une nouvelle augmentation, plus importante, est ensuite observée.

Si les cas restent peu fréquents, le nombre de cas de colites ou chocs septiques d’issue fatale rapporté au nombre estimé de patients traités -  inférieur à 21 pour 100.000 entre 1997 et 2014 - a augmenté à partir de 2015. Avec jusqu’à 3 fois plus de cas en 2016 par rapport à 2015, selon ce document. Rapporté aux 600.000 patients traités sur ces deux décennies, les décès restent rares (de 0,8 décès/10.000), souligne l'agence sanitaire. A ce jour, il n'y a pas de manifestations plus importantes d'effets indésirables avec le paclitaxel, ajoute-t-elle.


Source : lequotidiendumedecin.fr