Pourquoi l'industrie pharmaceutique française perd du terrain année après année en dépit d'engagements forts des pouvoirs publics ? Ce serait en substance selon l'analyse du G5 qui regroupe les principaux industriels français de la filière santé la faute à l'administration. Au lieu de voir une création de richesse pour le pays, la production de produits de santé sur le territoire serait une source de coûts. Résultat de cette analyse, la France n'est plus sur le podium en matière d'exportations pharmaceutiques en Europe, comme l'illustre l'étude menée par le PIPE. Elle a glissé de la troisième place en 2000 à la sixième place en 2017. Et s'est fait doubler par la Belgique et le tigre celtique, l'Irlande. Exemple en 2000, les exportations irlandaises s'élevaient à 5 milliards d'euros avant de grimper en 2017 à 35 milliards. Pendant cette même période, de 11 milliards, l'Hexagone a exporté pour 26 milliards en 2010 avant de stagner à 28 milliards en 2017. Cette sixième place est même menacée par l'Italie qui renforce son appareil productif à grands pas. Cette performance peu glorieuse se traduit sans surprise par un recul de la balance commerciale. La France pointe désormais au septième rang.
La faute à la régulation économique
La régulation économique qui frappe avec la régularité d'un métronome les industries de santé lors du vote par le parlement de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) serait à l'origine de cette perte de compétitivité. Chiffre souvent évoqué par le Leem, le médicament assure près de 60 % des économies réelles sur 2010-2019. Or, il représente seulement 15 % des dépenses de l'Ondam. En pratique, les prix des médicaments ont baissé de 30 % sur le marché officinal. Mais cette réduction des tarifs si elle participe au rétablissement des comptes, n'est pas sans conséquence à l'exportation. En effet le prix français sert souvent de référence pour les autres pays étrangers. Au-delà de cette baisse mécanique des prix à l'export, l'équilibre économique des entreprises du G5 est fortement compromis par une hausse des coûts des achats tout en maintenant le niveau de l'emploi. D'où un effet ciseau à l'origine de la baisse de l'excédent brut d'exploitation des entreprises du G5. En dépit des obstacles, seule l'exportation permet encore l'équilibre des comptes.
Que faire alors pour enrayer le recul de la France ?
Alors qu'un accord-cadre entre le Leem et le Comité économique des produits de santé doit être signé avant la fin de l'année, le G5 avance trois propositions. En premier lieu, le CEPS devrait intégrer lors de la fixation des prix des « objectifs nationaux de politique industrielle, d'emplois et de commerce extérieur ». L'article 18 contenu dans l'accord-cadre actuel autorise certes à tenir compte des investissements en R & D et dans l'outil de production. Mais il est, à ce jour, très restrictif. Seuls six produits en ont bénéficié. D'où, seconde proposition, son extension à tous les investissements afin « d'encourager le choix de la France comme territoire de recherche et de production de tous les produits de santé ».
Enfin, afin de favoriser l'exportation, le G5 suggère la mise en place d'un prix facial "export" et de remises pour les produits exportés, sans surcoût pour l'assurance-maladie. Ces trois mesures ciblent donc le fonctionnement du CEPS. Seront-elles suffisantes pour relancer les exportations et donc l'innovation ?
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