Chimiothérapies, des dépenses concentrées sur un petit nombre de molécules

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Publié le 22/06/2017
La facture du cancer continue à croître tant pour le coût de l’hospitalisation que pour la délivrance de médicaments innovants. En 2015, les thérapies ciblées concentrent l’essentiel des dépenses. Décryptage.
     Destruction ciblée d'une cellule cancéreuse.

Destruction ciblée d'une cellule cancéreuse.
Crédit photo : SPL/PHANIE

L’activité de chimiothérapie progresse dans l’Hexagone. En 2015, 308 634 personnes ont été traitées par cette thérapie, soit une augmentation de 12,3 % depuis 2010. L’activité est toutefois concentrée à 80 % sur l’appareil digestif (25 %), le sein (20 %), les hémopathies malignes (17,7 %) et l’appareil respiratoire (15,4 %). Le nombre de séances ne connaît pas de pauses avec une croissance de +4,3 % entre 2014 et 2015. En oncologie, les CHU ne sont pas en situation dominante. Ils sont classés en troisième position derrière les cliniques privées et les centres hospitaliers.

5,8 milliards d’euros

Cette forte activité se traduit par un coût pour la collectivité. La facture de l'hospitalisation motivée par le cancer s’élève à 5,8 milliards d’euros. Quant aux dépenses liées à la liste en sus, leur montant pointe à 1,7 milliard d’euros dont 25,5 % pour le secteur privé commercial. La montée en puissance de l’oncologie dans l’innovation s’illustre par la part majeure prise par les molécules anticancéreuses. Elles représentent 50,8 % des dépenses totales des molécules remboursées dans cette liste dans le secteur public et privé non commercial. Cette part monte jusqu’à 83,1 % dans le secteur privé commercial.

Plus de la moitié sont des thérapies ciblées

Si l’on affine l’analyse, le coeur de la dépense est bien concentré sur des médicaments récents. En 2015, sur 1,7 milliard d’euros de dépenses déjà mentionnés, 54,4 % concernent des thérapies ciblées, 19,3 % des immunothérapies et 26,3 % des chimiothérapies conventionnelles. Cette part prépondérante captée par les thérapies ciblées est encore plus forte dans les cliniques privées (73,3 %) que dans le secteur public (48 %). En revanche, dans les deux secteurs, les dépenses à hauteur de 80 % sont concentrées sur huit molécules, même si le poids respectif de ces médicaments diffère selon le secteur.

Ainsi les services d’hématologie sont plus nombreux à l’hôpital. D’où des dépenses plus importantes pour le rituximab (Mabtera®) dans le secteur public (19 %) que dans le secteur privé (6 %).

Hausse de 36 % pour la ville

En ville, les dépenses liées au cancer s’envolent. Elles ont augmenté de +36,3 % entre 2012 et 2015. Là encore, les thérapies ciblées montent en puissance avec une augmentation de 52,2 % au cours de la même période. Les praticiens privilégient la voie orale : 80,5 % des dépenses de molécules anticancéreuses remboursées par l’assurance-maladie sont administrées per os. Arrive ici en tête l’imatinib (11,4%-) suivie par l’abiraterone (11 %) et l’enzalutamide (6 %). Si l’on regarde par pathologie, la leucémie myéloïde chronique concentre 19 % des dépenses de dépenses. Ces chiffres devraient encore augmenter dans les prochaines années avec l’arrivée de l’immunothérapie.


Source : lequotidiendumedecin.fr