Faut-il dépister le cancer de la prostate alors que la HAS estime défavorable la balance bénéfice-risque ? Le sur-diagnostic représente-t-il un danger pour ce cancer le plus fréquent chez l’homme ? Une étude parue dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (39-40 du 15 novembre 2016) nuance les effets des traitements à long terme sur la qualité de vie. Jusqu’à présent, les essais disponibles étaient limités à un suivi à court ou moyen terme (1 à 5 ans). Une étude Qalipro étudiant un spectre étendu de critères a ainsi été menée en 2011. Pour être enrôlés dans l’étude, les patients devaient avoir été traités pour un cancer localisé de la prostate et diagnostiqué en 2001 sans récidive clinique ou radiologique. Trois groupes ont été distingués. Le premier a regroupé les patients ayant subi une prostatectomie, le second une radiothérapie, et le troisième un traitement combiné (prostatectomie et radiothérapie). Quant aux témoins, ils ont été tirés au sort à partir des listes électorales. Et ont répondu à un auto-questionnaire reçu par voie postale. Au final, la cohorte a inclus 640 patients dont 49,1 % ont complété le questionnaire.
Troubles urinaires plus fréquents chez les patients traités
Principal résultat, les auteurs n’ont pas noté de différence entre les patients et les témoins sur la qualité de vie globale. Des scores comparables ont ainsi été recensés sur le paramètres de la fatigue, de l’anxiété et la dépression.
En revanche, les troubles urinaires (troubles fonctionnels et incontinence) étaient plus fréquents chez les patients traités. La prostatectomie exposait à davantage de symptômes urinaires. Ils présentaient par ailleurs une fréquence plus grande de troubles sexuels principalement fonctionnels. Sans surprise, les effets sur la qualité de vie sont plus nombreux en cas de traitements combinés. Même si persistent les séquelles, les patients traités sont donc résilients. Ils s’adaptent après quelques années à ces dysfonctionnements. L’évocation des effets secondaires liés au traitement ne paraît donc pas être justifié pour écarter une prise en charge.
La courbe est inversée pour l’incidence du cancer de la prostate
Le nombre de cancers de la prostate avait fortement augmenté entre 1980 et 2005. Depuis 2005, une baisse très nette est observée. Illustration, le taux d’incidence est passé de 24,8 cas pour 100 000 personnes-années en 1980 à 124,5 cas pour 100 000 en 2005. Il a reculé à 97,7 en 2011. L’évolution est différente pour la mortalité. La baisse est régulière depuis la fin des années 90. Le taux de mortalité est passé d’un peu plus de 18 pour 100 000 personnes-années en 1990 à 10,5 en 2011. La tendance s’est accélérée au cours de la période 2005-2011 avec une diminution de 3,8 % par an. Elle était limitée en moyenne à 0,85 % de 1980 à 2005. En 2015, le nombre de décès par cancer de la prostate devrait s’élever à 8 713. Cette baisse de la mortalité peut être mise au crédit de l’amélioration des traitements, notamment pour les cancers évolués. Dès lors, le dépistage et le diagnostic précoce conduisent à un surdiagnostic et à un risque de surtraitement pour des cancers de bon pronostic. Mais ils sont aussi à l’origine de la baisse du nombre de formes graves.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation