Le molnupiravir (Lagevrio), antiviral chimique actif par voie orale contre le SARS-CoV-2 développé par Merck Sharp & Dohme (MSD), est-il en cours de réhabilitation ? C’est ce que suggère l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui actualise aujourd’hui ses guidelines de prise en charge du Covid-19 afin d’inclure une recommandation conditionnelle d’utilisation de ce médicament.
De premiers résultats d'efficacité contradictoires
Pour rappel, le molnupiravir avait initialement suscité d’importants espoirs. En effet, de premières annonces de MSD avaient fait état de la capacité du molnupiravir, administré dans les 5 jours après les premiers symptômes de Covid-19, à réduire significativement le risque d’aggravation (hospitalisation, décès) des patients vulnérables récemment infectés. En outre, alors que les seuls traitements précoces spécifiques du Covid-19 disponibles à l’automne étaient des anticorps monoclonaux utilisables par perfusion, la simplicité d’emploi du molnupiravir (per os) avait de quoi attirer l’attention. Si bien que l’Agence européenne du médicament (EMA) avait, en, novembre, encouragé les pays membres de l’UE à recourir au molnupiravir en pré-AMM. En France, Olivier Véran avait assuré que ce traitement précoce arriverait en ville début décembre.
Mais finalement ce candidat médicament n’a pas été autorisé par la HAS. En cause : des résultats d’efficacité discordants annoncés par le laboratoire MSD, allant de 50 % selon les résultats cliniques préliminaires à 30 % après analyse finale de l'essai. De plus, certains spécialistes avaient émis des craintes sur la sécurité d’emploi du molnupiravir, du fait de son mode d’action (agent mutagène capable de tuer le virus par accumulation de mutations), potentiellement tératogène. Enfin, devant l’émergence d’une alternative plus prometteuse , le Paxlovid (nirmatrelvir/ritonavir), de Pfizer, également actif par voie orale et efficace à plus de 80 % contre le Covid-19, de nombreux pays ont achevé de se détourner du candidat de MSD. De sorte qu’en France, le molnupiravir ne compte toujours pas parmi les 4 traitements actuellement disponibles pour la prophylaxie ou le traitement précoce de l’infection à SARS-CoV-2.
De nouvelles données prometteuses
Toutefois, la donne pourrait changer. Car comme l’expliquait en début d’année à la Commission des affaires sociales le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’ANRS Maladies émergentes, la discordance entre les divers résultats d’efficacité fournis par le laboratoire suggérait que les essais cliniques initialement menés sur le molnupiravir auraient pu être mal conduits. Ainsi le lancement d’études complémentaires était-il envisagé.
Quelques semaines plus tard, ces travaux commencent à donner des résultats. « De nouvelles données issues de 6 essais cliniques randomisés conduits au total auprès de 4 796 patients » sont désormais disponibles, indique l’OMS. Des données qui semblent suffisamment prometteuses pour que l’instance recommande l’utilisation du traitement.
Un traitement précoce contre-indiqué aux femmes enceintes ou allaitantes
Et ce, dans des conditions similaires à celles initialement évoquées par l’EMA. De fait, l’OMS préconise d’initier le traitement par molnupiravir à la dose de 800 mg par jour (4 comprimés) pendant 5 jours le plus tôt possible – dans les 5 jours suivant le début des symptômes. Ce serait en effet toujours ce délai qui permettrait de prévenir l’hospitalisation chez des personnes présentant encore une forme légère à modérée d’infection à SARS-CoV-2 mais à risque d’aggravation.
Néanmoins, l’OMS reconnait que le profil de sécurité du médicament reste à vérifier et les données à ce sujet manquant encore. Dans ce contexte, l’instance propose de réserver le traitement aux personnes à haut risque d’hospitalisation. Comme le rappelle l’organisation, « il s’agit typiquement des sujets qui n’ont pas été vaccinés, des personnes âgées, des immunodéprimés ou des individus vivant avec une maladie chronique ».
L'usage du molnupiravir est en revanche contre-indiqué pour les publics chez qui un potentiel effet tératogène du molnupiravir pourrait s’avérer particulièrement délétère. Soit les enfants et surtout les femmes enceintes et allaitantes. « Les patients éligibles au molnupiravir doivent utiliser une contraception, et les systèmes de santé doivent assurer l’accès à des moyens de contraception et à des tests de grossesse au point (de délivrance du médicament) », insiste l’OMS.
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce