Un régime riche en poisson est associé à un meilleur pronostic dans la sclérose en plaques (SEP) d’après une étude observationnelle du Karolinska Institutet (Suède) parue dans le Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry. Les propriétés anti-inflammatoires et neuroprotectrices retrouvées dans cet aliment en seraient la raison.
Les chercheurs ont suivi 2 719 patients nouvellement diagnostiqués et leur ont attribué des scores (de 2 à 6) selon leur consommation de poissons gras, maigre ou les deux et la fréquence (jamais ou rarement, une à trois fois par mois, chaque semaine). Les résultats de l’étude ont révélé qu’une forte consommation combinée de poissons gras et maigre lors du diagnostic est inversement associée à la progression de la SEP dans plusieurs scores de gravité, le Confirmed Disability Worsening (CDW) et les statuts 3 et 4 de l’échelle EDSS (Expanded Disability Status Scale).
La régularité est importante
La consommation la plus élevée de poissons gras et maigres était corrélée à un risque CWD 44 % plus faible, une progression 45 % et 43 % plus faible, respectivement pour l’EDSS 3 et l’EDSS 4, par rapport à une consommation inexistante ou faible. Sans avoir pu analyser la consommation séparée de poissons maigres et gras, les chercheurs ont relevé que les personnes avec une forte consommation des deux types de poisson avaient une réduction du risque d’aggravation du handicap la plus significative.
Les chercheurs se sont aussi penchés sur l’effet de changements d’alimentation. Les patients étant passés d’un score bas (2-3) à haut (5-6) de consommation de poisson dans les cinq ans post-diagnostic avaient un risque 20 % plus faible d’aggravation de leur handicap par rapport à ceux qui ont continué à n’en consommer que peu. Le risque était baissé de 59 % pour les 16 patients ayant commencé par un score de 2. Ainsi, même une modification de régime légèrement tardive peut influencer favorablement la progression de la maladie. « La régularité semble importante car les bénéfices anti-inflammatoires et neuroprotecteurs des nutriments s’accumulent probablement au fil du temps, aboutissant à des améliorations de pronostic durables », lit-on dans l’étude.
Un rôle des oméga-3 et de la taurine
De plus amples travaux sont nécessaires pour valider les conclusions et comprendre quels sont les mécanismes biologiques sous-jacents, mais les chercheurs ont une hypothèse : « Bien que les oméga-3, prédominants dans les poissons gras, puissent contribuer à réduire la progression de la maladie, les effets bénéfiques qu’on observe dans la consommation de poissons maigres suggèrent un rôle important d’autres facteurs. L’un d’entre eux est la taurine, un acide aminé retrouvé en grande quantité dans le poisson et les fruits de mer ». La taurine a plusieurs fonctions dans le cerveau, notamment cytoprotectrices par ses effets antioxydants et anti-inflammatoires. Si l’acide aminé est abondant dans le cerveau, grâce à des voies de production endogènes, les auteurs expliquent qu’une source exogène reste nécessaire pour atteindre les besoins physiologiques.
Une autre hypothèse serait l’influence du régime riche en poissons sur le microbiote intestinal qui est impliqué dans la production et le métabolisme des acides gras, « avec de potentiels effets immunomodulateurs », expliquent les scientifiques du Karolinska Institutet.
Effet du poisson ou du mode de vie ?
Plusieurs experts ont réagi à l’étude dans le Science Media Centre. Pour la Dr Aravinthan Varatharaj, maître de conférences de neurologie clinique à l’université de Southampton, l’étude est « bien menée avec des résultats robustes », notamment grâce à « la qualité excellente des registres suédois ».
La Dr Ruth Dobson, maître de conférences senior en neurologie clinique à la Queen Mary University de Londres, nuance la conclusion. « Je ne pense pas que les résultats répondent pleinement à la question de savoir si c’est la consommation de poisson qui influe directement sur la SEP (bien que ce soit tout à fait plausible) ou s’il s’agit d’une synergie avec d’autres facteurs du mode de vie (ce que je pense plus probable) », déclare-t-elle.
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