Suite à la publication des nouvelles recommandations sur la maladie de Lyme en juin dernier par un consortium de 24 sociétés savantes (dont le Collège national des généralistes enseignants, le Collège de la médecine générale et la Société de pathologie infectieuse de langue française), ce même consortium vient de publier un communiqué qui demande aux tutelles de Santé « une clarification de leur position, dans l'intérêt des patients ».
Les recos de la HAS toujours ciblées
Il est clair que pour ces sociétés savantes, le problème est né des recommandations publiées en 2018 par la HAS qui avaient avancé l'existence d'une forme « chronique » de maladie de Lyme sous le nom de « Symptomatologie/syndrome persistante polymorphe après possible piqûre de tique » ou « SPPT ». Ces guidelines de la HAS ont conduit à un « manque de clarté qui induit des interprétations diverses et laisse la porte grande ouverte à des pratiques délétères ».
Ainsi, d'après ce communiqué, de nombreux patients souffrant de symptômes chroniques parfois invalidants et peu spécifiques craignent souffrir à tort d'une maladie vectorielle à tiques. Après des investigations spécifiques, les diagnostics retenus sont très souvent différents. Cela permet de réorienter vers une prise en charge adaptée et évite la répétition de prise d'antibiotiques multiples et répétées.
Les centres de référence de prise en charge des maladies vectorielles à tiques remis en cause
Ces sociétés savantes critiquent au passage la mise en place des 5 centres de référence de prise en charge des maladies vectorielles à tiques, annoncée le 3 juillet dernier par le Directeur général de la santé. Cette mesure ne serait d'autant pas justifiée qu'il existe déjà « des structures et des parcours patients permettant une prise en charge collaborative pour ceux qui craignent d'être atteints d'une forme chronique de la maladie de Lyme ».
Enfin, ces sociétés scientifiques dénoncent le lobbying de la Fédération française contre les maladies vectorielles à tiques (FFMTV) « qui ne représente qu'une minorité de médecins (moins de 100, pour environ 300 000 médecins en exercice en France), mais tente de s'imposer comme unique défenseur des patients ».
Une prise en charge compliquée pour les généralistes
En mars dernier, face à la cacophonie existante dans la prise en charge de la maladie de Lyme, la Commission des affaires sociales du Sénat avait organisé quatre tables rondes demandant aux autorités sanitaires de se mettre au clair. Lors de la dernière table ronde, les Prs Jérôme Salomon, Directeur général de la santé, et Dominique Le Guludec, présidente de la Haute Autorité de Santé, avaient dû s'expliquer. Alain Millon, généraliste et sénateur du Vaucluse qui présidait cette Commission, interviewé par legeneraliste.fr, avait indiqué que si la situation ne se clarifiait pas sous peu, le Sénat était disposé à redemander des comptes aux responsables de cette cacophonie.
En juin dernier, une enquête réalisée par Le Généraliste (environ 130 lecteurs ont répondu) indiquait que 66,7 % des médecins se déclaraient être embarrassés par la prise en charge de la maladie de Lyme.
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