Chez les femmes de plus de 65 ans qui reçoivent une hormonothérapie pour un cancer du sein, une étude rétrospective américaine suggère une corrélation avec un risque réduit de maladie d’Alzheimer et des démences associées.
Alors que nombre d’études ont abouti à des résultats divergents sur le risque de démence lié à l’hormonothérapie, cette recherche a utilisé l’une des plus grandes cohortes de patientes avec un cancer du sein. Sur les 18 000 femmes incluses, 12 000 ont été traitées par hormonothérapie dans les trois ans suivant leur diagnostic de cancer. Sur les douze ans de suivi, près de 24 % des patientes ayant une hormonothérapie ont développé une maladie d’Alzheimer ou une démence associée, contre 28 % de celles sans hormonothérapie. Le traitement est associé à une réduction relative du risque de neurodégénérescence de 7 %.
Les femmes noires de moins de 75 ans sont mieux protégées
Des groupes de réduction de risque se dessinent dans l’étude, dont les résultats sont publiés dans le Jama Network Open. Les femmes noires sont mieux protégées contre ces maladies neurodégénératives (baisse du risque de 22 % contre 6 % chez les femmes blanches et 7 % pour les autres ethnies).
Des différences liées à l’âge sont aussi marquées au sein de ces groupes ethniques, à raison d’une réduction du risque de 24 % et 19 % chez les femmes noires de moins de 75 ans et de plus de 75 ans respectivement. Pour les femmes blanches de moins de 75 ans, le risque est réduit de 11 % mais on n’observe pas de différence significative au-delà.
Si la réduction du risque est plus prononcée chez les femmes de 65 à 69 ans (HR = 0,48), la tendance s’inverse à partir de 80 ans (HR = 1,40). Au-delà de cet âge, l’hormonothérapie augmente le risque de démence à mesure que les patientes vieillissent, avec un maximum atteint dans l’étude avec un HR à 2,39 pour les femmes de plus de 90 ans.
Une réduction du risque seulement pour les AI et les Serm
Les chercheurs ont comparé trois catégories de thérapies hormonales : les modulateurs sélectifs des récepteurs d’œstrogènes (Serm), les inhibiteurs de l’aromatase (IA) et d’autres anti-œstrogènes de type Serd (pour Selective Estrogen Receptor Degrader) comme le fulvestrant. Aucune corrélation significative n’a été retrouvée entre les Serd et le risque de démence.
Pour les IA et les Serm, des efficacités différentes ont été observées chez les femmes noires et blanches de 65 à 74 ans. Les IA se sont montrés plus efficaces pour les femmes noires par rapport aux Serm (HR respectifs de 0,73 et 0,80). Du côté des femmes blanches, ce sont les Serm qui ont montré les meilleurs résultats (HR de 0,81 contre 0,91 avec les IA).
Les conclusions de cette étude suggèrent l’intérêt de prendre en compte l’âge et l’ethnie des patientes avec un cancer du sein pour le choix du traitement. Les différences observées chez les femmes noires sont d’autant plus importantes qu’elles sont deux à trois fois plus à risque de développer une maladie d’Alzheimer ou une démence associée par rapport à la population générale. Il reste à étudier l’effet neuroprotecteur de l’hormonothérapie chez les femmes non ménopausées avec un cancer du sein, ainsi qu’à analyser la corrélation entre le risque de démence et la prévalence des gènes associés à la maladie d’Alzheimer chez les patientes de tout âge.
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