Exit les recommandations de l’OMS de 2007 qui fixaient pour les jeunes adultes et les personnes âgées des besoins protéiques communs évalués à 0,8 g/kg/j. Pour savoir s’il était nécessaire de distinguer les besoins protéiques des seniors de ceux des jeunes, le Pr Yves Boirie (UMR 1019 INRA) a réuni un groupe international de chercheurs et gériatres – PROT-AGE (www.jamda.com) – qui a convenu en 2013 d’un seuil consensuel d’apport protéique optimal pour les seniors: 1g/kg/j au minimum. Valeur qui avait, d’ailleurs, déjà été prise en compte dans les Apports nutritionnels conseillés de l’Anses en 2007.
« Quel que soit l’état physique des personnes âgées – excepté les maladies rénales sévères (filtration glomérulaire < 30 ml/min/1,73m2) hors dialyse – elles ont besoin de plus de protéines que les personnes jeunes d’où un apport moyen compris entre 1 et 1,2g/kg/j, explique-le Pr Boirie.
Le groupe PROT-AGE a même identifié différentes situations cliniques (ostéoporose, BPCO, diabète avec ou sans néphropathie, insuffisance cardiaque, etc.) : on entre alors dans la catégorie des seniors à risque avec une maladie chronique ou aiguë qui nécessitent un apport protéique augmenté, entre 1,2 et 1,5 g/kg/j. Chez ceux souffrant de maladie sévère ou de dénutrition, on peut aller jusqu’à 2g/kg/j, toujours en surveillant la fonction rénale.
Augmenter les apports protéiques
Des études menées dans les années 2010 ont bien montré que les populations âgées bien portantes mais avec des apports protéiques au-delà des recos perdaient moins de masse maigre musculaire. Car, avec le vieillissement, plusieurs phénomènes interviennent. Non seulement la capacité à limiter la perte protéique corporelle se réduit mais « les protéines alimentaires sont surtout séquestrées dans le territoire digestif et non pas libérées au niveau de la circulation générale, ce qui peut limiter la disponibilité des acides aminés », précise Yves Boirie.
De plus, au-delà des problèmes d’apport protéique, la personne âgée présente des spécificités métaboliques qui font qu’elle sera moins sensible à l’effet des protéines alimentaires. C’est le concept crucial et nouveau de « résistance anabolique » qui signifie que le muscle devient résistant avec l’âge à l’effet anabolisant des aliments et notamment des protéines. « Il a été rapporté chez la personne âgée une moindre stimulation de la synthèse protéique aboutissant à terme à une perte journalière de protéines du fait d’une compensation incomplète par l’anabolisme post-prandial de la mobilisation des protéines corporelles », résume le Pr Boirie. C’est pourquoi il est nécessaire d’augmenter légèrement les apports protéiques afin de contrecarrer cette résistance aux protéines alimentaires. La question aujourd’hui reste de savoir comment respecter les besoins énergétiques de la personne âgée (inférieurs à ceux des adultes jeunes) tout en lui apportant suffisamment de protéines pour éviter la dénutrition.
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