Quels sont les facteurs associés à une mauvaise expérience de la douleur postopératoire ? Une étude française, menée dans les hôpitaux universitaires de Marseille, Montpellier, Nîmes et Nice, a identifié l’usage d’opioïdes synthétiques pendant la chirurgie comme un prédicteur indépendant de vécu douloureux, dans une analyse sur plusieurs variables. Une conclusion cohérente avec le phénomène connu d’hyperalgie induite par les opioïdes.
La majorité des patients vivent des douleurs postopératoires modérées à sévères dans les suites d’une chirurgie, ce qui influe sur le rétablissement et augmente le risque de morbidité. Des études récentes recommandent d’évaluer l’expérience des douleurs dans leur entièreté (évaluation subjective par le patient dans ses dimensions émotionnelles et cognitives) plutôt que dans leur intensité seule afin de mieux comprendre quels en sont les prédicteurs. Les chercheurs ont utilisé des échelles de mesure multidimensionnelles, dont l’évaluation du vécu de l’anesthésie générale (EVAN-G) et l’échelle visuelle analogique (EVA).
Le sufentanil et le rémifentanil en cause
L’essai clinique, dont les résultats sont publiés dans la revue Regional Anesthesia & Pain Medicine, totalise près de 1 000 patients. Parmi eux, 271 ont rapporté une mauvaise expérience douloureuse, soit 27,9 %. L’analyse multivariée des facteurs liés au mauvais vécu a démontré que l’usage peropératoire du sufentanil et du rémifentanil en est un prédicteur important, avec un odds ratio (OR) de 26,96 (p = 0,01, mais intervalle de confiance 95 % très large : 2,17 à 334,23).
Le premier jour après la chirurgie, les patients ayant reçu des anxiolytiques postopératoires et ceux ayant rapporté une amnésie étaient respectivement 8 à 1,5 fois plus à même de vivre une mauvaise expérience de la douleur. Les patients avec un score ASA 3 (correspondant à la présence d’une maladie systémique sévère ou invalidante dans l’évaluation de l’état préopératoire et du risque anesthésique) ont aussi une probabilité augmentée de vécu douloureux.
Un inconfort postopératoire aux multiples facettes
À l’inverse, un âge de plus de 65 ans (OR = 0,97), la présence d’une douleur préopératoire (OR = 0,98), l’absence de prétraitement sédatif (OR = 0,49) et la chirurgie orthopédique (OR = 0,29) sont associés à une moindre probabilité de mauvais vécu douloureux.
L’ensemble de ces résultats témoigne de la nature multidimensionnelle de la douleur postopératoire, dont les causes sont multiples. À savoir l’usage d’opioïdes, l’anxiété, les comorbidités, la complexité de la chirurgie, la perception et l’anticipation de la douleur, des seuils de douleurs altérés, etc.
« De plus amples recherches sont nécessaires pour confirmer ces associations et développer une gestion optimisée de la douleur périopératoire, avec des protocoles visant à améliorer le pronostic », lit-on dans l’étude. Les chercheurs invitent à réévaluer les stratégies analgésiques lors de chirurgies. Mieux comprendre les déterminants d’une mauvaise expérience douloureuse permettrait une approche plus globale périopératoire, « allant au-delà de la simple gestion de l’intensité de la douleur ».
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