La coïncidence est suffisamment rare pour être soulignée. Afin de lutter contre l’obésité, dont le coût social vient d’être évalué par Bercy à 20 milliards d’euros en 2012, l’Assurance maladie et le Trésor plaident tous deux pour la prévention. Et placent, au cœur du dispositif, le généraliste. Si l’idée n’est pas surprenante de la part de la première, elle l’est davantage du côté du second. Dans une note publiée au début du mois consacrée aux coûts liés à l’obésité, le Ministère de l’économie et des finances souligne ainsi que « selon bon nombre d’études, la solution la plus efficace pour lutter contre l’obésité reste un suivi par un médecin généraliste ».
Analyse du Trésor
Mais, comme les auteurs de l’étude le relèvent sans détour, « si le suivi par les professionnels de santé semble être une solution particulièrement séduisante, différents facteurs rendent difficile sa mise en œuvre ». Ils visent par là les coûts induits, à court terme, par le suivi intensif d’un patient, la difficulté pour les médecins de se dégager du temps pour réaliser ce type de consultation – et ce d’autant plus qu’ils exercent dans des zones sous dotées, et l’absence « de système d’incitations encourageant les médecins à développer cette activité de prévention ». Parmi les options explorées par le Trésor, l’une « pourrait prendre la forme d’un objectif dans la ROSP ou d’un forfait attribué par patient ayant un fort IMC » sur le modèle de la rémunération accordée, jusqu’à présent, aux médecins traitants pour chacun de leur patient en ALD. Autre piste détaillée dans la note : « la coopération entre professionnels de santé », à l’instar de ce qui se fait dans le cadre de l’association Asalee.
Les solutions de la convention
Aucune de ces pistes n’apparaît dans le texte signé le 25 août dernier, certes. La prochaine convention n’en est pas pour autant muette sur le sujet de la prévention, et plus encore celle ayant trait à l’obésité. Au niveau des principes, tout d’abord, il est ainsi rappelé qu’au titre des missions du médecin traitant de l’enfant, par exemple, figurent à la fois le conseil aux parents en matière de nutrition et la responsabilité d’assurer « un dépistage et une prévention (N.D.L.R. : du surpoids) adaptés aux divers âges ». Au-delà de ce qui pourrait s’apparenter à une déclaration d’intention, les partenaires conventionnels ont prévu qu’à compter du 1er novembre 2017, un médecin traitant pourra facturer, deux fois par an, « une consultation de suivi et de coordination de la prise en charge des enfants de 3 à 12 ans en risque avéré d’obésité » à 46 euros.
Par ailleurs, les différents forfaits liés à la patientèle des médecins traitants ont été revus et fondus dans une seule rémunération fonction, notamment, d’un critère de précarité. Si la part de patients en CMU dépasse 7 %, le taux moyen à l’échelle nationale, le médecin traitant verra le montant de son forfait valorisé. Cet élément pourrait, indirectement, avoir des effets en matière de lutte contre l’obésité car, comme le souligne la note du Trésor, « un autre facteur entrant en compte dans la prévalence de l’obésité est la catégorie sociale ».
La taxation nutritionnelle écartée
Outre ces pistes associant les professionnels de santé dans la lutte contre l’obésité, la note évoque aussi l’amélioration de la taxation nutritionnelle. Elle propose, par exemple, « de taxer les produits au-delà d’un certain niveau de calories (…) ou en fonction de leur qualité nutritionnelle ». « Un autre moyen de renforcer la cohérence de la taxation nutritionnelle pourrait résider dans la modulation du taux de la TVA », poursuit Bercy, « en ne taxant pas les produits alimentaires en général mais en taxant au niveau normal les produits jugés néfastes pour la santé ». Deux hypothèses écartées pour le gouvernement.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation