Les Français n’ont pas été égaux face au confinement et cette affirmation s’applique notamment aux conséquences sur leur santé et en particulier leur santé mentale. L’Irdes publie ce lundi les premiers résultats de l’enquête COCLICO* (Coronavirus Containment Policies and Impact on the Population's Mental Health) pour la période du 3 au 14 avril. Elle a pour objectif de déterminer l’ampleur de la survenue de détresse psychologique dans la population française au cours des premières phases du confinement et d’en identifier les facteurs associés, « afin de repérer des populations vulnérables nécessitant un soutien », explique l’étude.
D’après les résultats, une détresse psychologique a été observée chez un tiers des Français, dont 12 % présentent une détresse d’intensité sévère. « Il apparaît en particulier une aggravation des problèmes de tension ou stress, de sommeil ou de concentration et du sentiment d’être malheureux ou déprimé », note l’enquête (voir tableau).
L’étude met en lumière plusieurs facteurs de risque de détresse psychologique pendant le confinement. Les femmes notamment ont un risque supérieur aux hommes. L’exposition avérée ou possible au virus, par son activité professionnelle par exemple, joue aussi sur la santé mentale. En revanche la vulnérabilité face au virus ne semble pas avoir d’impact sur la détresse psychologique pendant le confinement, au contraire « le confinement pourrait jouer un effet protecteur sur les populations les plus à risque d’infection sévère en limitant leur sentiment d’exposition au virus », notent les auteurs. D’autre part, « les activités quotidiennes des personnes âgées sont moins impactées que celles de la population active » alors qu’en même temps « les nouvelles activités domestiques induites par le confinement pourraient reposer davantage sur les femmes ».
Le fait d’être atteint de maladie chronique est également associé à un risque accru de survenue de détresse psychologique. Le moindre recours aux soins pour leur maladie pendant le confinement a pu être un facteur de stress, tout comme la crainte de difficultés d’accès aux soins intensifs et de réanimation à cause de leurs pathologies en cas d’infection au Covid-19. Le volet 2 de l’enquête COCLICO aura justement une partie consacrée aux problématiques d’accès aux soins pour les malades chroniques pendant le confinement.
Impact négatif des réseaux sociaux
L’étude de l’Irdes met aussi en avant l’effet amplificateur du confinement qui va aggraver les vulnérabilités préexistantes. Les personnes ayant eu des soins de santé mentale dans les 12 derniers mois sont ainsi plus exposées, idem pour celles qui bénéficient d’un soutien social faible ou modéré. Les conditions de confinement ont également des conséquences sur la santé mentale puisque le nombre de personnes dans le foyer représente un facteur de risque, plus il y a de monde, plus les personnes étaient susceptibles d’être en détresse psychologique. La dégradation de la situation financière du foyer a également joué. Enfin, le temps passé sur les réseaux sociaux augmente aussi le risque de détresse psychologique pendant le confinement. « Un fort usage de ces réseaux pourrait notamment avoir un impact négatif via l’accès à un grand nombre d’informations potentiellement anxiogènes relatives à la crise épidémique », avancent les auteurs.
Les résultats de cette étude confirment ceux obtenus lors de précédentes enquêtes internationales et en France et incitent à avoir une action ciblée pour agir sur les conséquences du confinement. « Ainsi, il semblerait que le confinement affecte plus fortement des populations déjà vulnérables et renforce des inégalités préexistantes. Ces résultats encouragent le développement d’actions ciblées à destination de ces populations, que ce soit pour favoriser leur accès aux soins de santé mentale ou pour modérer l’impact social et économique de nouvelles mesures de confinement si elles devaient être reproduites. »
*Enquête internet diffusée entre le 3 et le 14 avril 2020, mobilisant un échantillon de personnes de 18 ans ou plus, représentatives de la population française vivant en ménage ordinaire en France métropolitaine.
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