Le bacille de Koch est de retour en Ile-de-France ! Une augmentation significative de 8,2 % du taux de déclaration de tuberculose maladie y a en effet été observée entre 2015 et 2017, passant respectivement de 14,6/100 000 à 15,8/100 000 habitants. Ces chiffres publiés dans le dernier BEH contrastent avec la baisse de l’incidence observée dans la région entre 2000 et 2010, et la stabilité d'incidence observée depuis 2011 au niveau national. Une baisse qui avaient même incité en juillet 2007 les autorités sanitaires à suspendre l’obligation vaccinale par le BCG pour la remplacer par une forte recommandation pour les enfants présentant un facteur de risque.
La Seine-Saint-Denis et Paris, premières concernées
Tous les départements franciliens ont franchi le seuil des 10 cas de tuberculose/100 000 habitants en 2017. Des disparités infrarégionales sont observées avec notamment une augmentation du nombre de cas plus importante à Paris, atteignant un taux de 16,8/100 000 habitants en 2017 (contre 13,5/100 000 en 2015). « Il s’agit de la première augmentation dans la capitale depuis 2002 », avertissent les auteurs de l'article, issus des rangs de Santé Publique France et de l'ARS Ile de France. Pour autant, la Seine-Saint-Denis est le département avec le plus fort taux de déclarations (26,5/100 000 habitants en 2017), probablement en raison de la concentration plus élevée de groupes de population à risque et des conditions de vie souvent plus difficiles. En 2014, une enquête transversale européenne indiquait que les grandes villes d'Europe avaient des ratios de taux d’incidence deux fois plus élevés que le taux national de notification, en raison probablement d’une concentration plus élevée de groupes à risque.
Les migrants originaires d'Afrique les plus touchés
Cette augmentation francilienne des cas de tuberculose peut être mise en relation avec le fait que la proportion des nouveaux cas de tuberculose arrivés sur le territoire français depuis moins de deux ans s’est accrue, passant de 23 % en 2015 à 32 % en 2017. Effectivement, ce sont les personnes de sexe masculin, jeunes adultes de 15 à 24 ans, originaires de zones à forte endémie tuberculeuse (Afrique subsaharienne et Afrique du Nord) souffrant le plus de promiscuité et de précarité (hébergement collectif ou sans domicile fixe), récemment arrivées sur le territoire métropolitain – moins de deux ans – , qui sont les plus touchées.
Ces personnes présentent un risque élevé de contracter la tuberculose dans leur pays d’origine s’ils proviennent d’une région à haute endémie tuberculeuse. Elles peuvent aussi développer la tuberculose après leur arrivée sur le territoire français en raison de leur mode d’hébergement collectif (un quart de la population mondiale est en infection tuberculose latente). La contamination a pu également avoir lieu lors du parcours migratoire ou après l’arrivée en France. L’augmentation du taux de déclaration dans ces différents groupes est probablement en lien avec la vague migratoire de 2015, qui a déplacé environs 244 millions de migrants internationaux selon les Nations Unies, dont près des deux tiers vers les pays industrialisés. Le taux de déclaration reste stable en revanche pour les personnes originaires d’Asie, d’Europe et d’autres régions comme l’Amérique et l’Océanie, tout comme pour les personnes nées en France.
Renforcer le dépistage dans les populations à risques
« Ces éléments mettent en avant la nécessité de demeurer vigilants face à la recrudescence de cette maladie. Il est ainsi nécessaire de poursuivre et de renforcer les dispositifs spécifiques de dépistage engagés en Île-de-France auprès de ces populations particulièrement à risque. L’hypothèse d’un lien fort avec la précarité incite à intégrer ces dispositifs de dépistage dans une stratégie globale et renforcée de promotion de la santé des groupes sociaux les plus exposés », pointent les auteurs de l’article. Une recommandation qui incite d’autant plus à la vigilance que les mêmes auteurs rappellent que « l’exhaustivité des données issues des déclarations obligatoires a été estimée autour de 70 % pour les données de 2010, faisant craindre une sous-estimation de l’incidence de tuberculose sur le territoire. »
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