Une allergie à la pénicilline est très souvent consignée dans les dossiers médicaux, sans avoir été vérifiée, ni authentifiée. Cela a des conséquences sur les choix futurs d'antibiothérapies en alternative à la pénicilline, avec au bout du compte une augmentation du risque d'infections ou de portages par des bactéries particulièrement hostiles. Un article du British Medical Journal a montré que chez les patients étiquetés "allergiques à la pénicilline", il existe une augmentation de 69 % du risque de contamination par des SARM - Staphylococcus aureus résistant à la méticilline -, et de 26 % par Clostridium difficile.
L'étude du BMJ a porté sur une cohorte de 11,1 millions de patients suivis en médecine générale et observés par le NHS (National Health Service). Parmi eux, 64 141 personnes étaient étiquetées allergiques à la pénicilline. Pour les besoins de l'étude, elles ont été comparées à 237 258 personnes non allergiques à la pénicilline.
Alternatives aux ß– lactamines
En cas d'"allergie à la pénicilline", si une antibiothérapie est nécessaire, la grande majorité des médecins prescrit un antibiotique d'une classe différente.
Parmi ces patients suivis en moyenne sur 6 ans, 1 365 ont contracté un SARM (442 allergiques et 923 comparateurs) et 1 688 ont développé un C. difficile (442 participants allergiques et 1 246 comparateurs). Les taux d'incidence ajustés de prescriptions d'antibiotiques alternatifs étaient de 4,15 pour les macrolides, de 3,89 pour la clindamycine et 2,10 pour les fluoroquinolones.
Au final, cette démarche augmente le risque de plus de la moitié (55 %) de contracter un SARM, et près d'un tiers C. difficile (35 %). Dans l'étude, la contamination par SARM a été identifiée par la nomenclature codifiant pour une infection, un portage, une éradication, ou une décontamination. La contamination par Clostridium difficile a été identifiée par la détection de l'antigène ou de la toxine.
Vraies ou fausses allergies ?
Les auteurs rappellent qu'« environ 1/3 des patients déclarent être "allergiques" à un médicament (c'est-à-dire souffrant d'effets indésirables ou de réactions allergiques). La pénicilline est le médicament le plus souvent spécifié et consigné (5-16 %) ». Or beaucoup de malades considérés comme allergiques à cet antibiotique ne le sont pas forcément. Dans l'étude du BMJ, parmi les 64 141 patients étiquetés comme tels, en fait 11,1 % des symptômes étaient liés à des effets indésirables, 14,5 % à une intolérance, et seuls 74,4 % à une allergie. La majorité de ces allergies étaient considérées comme modérées (86 %) ; et 73,6 % avec une « certitude probable ».
« Dans le contexte actuel d'augmentation de la résistance aux antibiotiques, des mesures permettant de mieux identifier les cas de vraies allergies à la pénicilline, seraient une stratégie de santé publique majeure pour réduire l'incidence des contaminations par SARM et C. difficile », concluent les auteurs de l’article.
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