Il est connu qu’une grossesse implique des adaptations biologiques et un déferlement d’hormones. Elle engendrerait également des changements morphologiques durables du système nerveux central qui peuvent perdurer jusqu’à 2 ans après le post-partum. Ces modifications, loin d'être nuisible, permettraient à la mère de mieux prendre soin de son enfant. C’est du moins ce que suggère, et ce, pour la première fois, une étude espagnole publiée dans Nature Neuroscience.
En effet, les chercheurs de l’université de Barcelone ont analysé plusieurs IRM réalisées chez 25 primipares avant et après leur grossesse ainsi que chez leurs partenaires masculins respectifs. Ils ont également regardé ceux d’un groupe contrôles composés de 20 femmes qui n’ont jamais été enceintes et de leurs 17 partenaires masculins. Ils ont ensuite suivi les participants durant 5 ans et 4 mois.
Étrangement, les données montrent une réduction symétrique du volume de matière grise dans la ligne médiane du cortex frontal et postérieur, ainsi que dans des endroits spécifiques du cortex préfrontal et temporal chez les femmes enceintes. Ces régions sont associées dans une large mesure « à des processus impliqués dans la cognition sociale et de traitement auto-focalisé », affirme le Dr Susanna Carmona qui a dirigé les travaux. En fait, les scientifiques ont découvert que les zones qui manifestent une diminution de la matière grise se chevauchent avec les régions du cerveau activées lors des sessions de neuro-imagerie où les mamans voient des photos de leurs bébés.
Des changements cérébraux seraient à l’origine de… l’instinct maternel
Au vu des changements structurels du système nerveux central observés, les chercheurs pouvaient déterminer avec une grande fiabilité si une femme avait été enceinte ou non. Ils étaient même capables de prédire le niveau d’attachement de la mère envers son enfant lors de la période du post-partum toujours en se basant sur ces IRM. Selon les experts, ces changements morphologiques correspondraient à un processus adaptatif de spécialisation pour la maternité. « Ces changements peuvent refléter, au moins en partie, un mécanisme d'élagage synaptique, qui se déroule aussi à l'adolescence, où les synapses faibles sont éliminées, laissant place à des réseaux neuronaux plus efficaces et spécialisés », explique le Dr Elseline Hoekzema, auteur senior de l’étude.
Apparemment, les spécialistes n’ont pas constaté de différence dans les fonctions mémorielles ou cognitives durant la gestation; ainsi il n’y aurait aucuns déficits cognitifs dus à la perte de cette matière grise. Au contraire, « ces résultats relèvent d’un processus adaptatif lié qui permettrait une meilleure détection des besoins de l'enfant, comme l'identification de l'état émotionnel du nouveau-né », souligne le Dr Oscar Vilarroya, autre membre de l’équipe. Dans tous les cas, ces observations fournissent des indications sur la plasticité cérébrale liée à la maternité.
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