La bactérie E.coli au coeur du procès, à Douai, des steaks hachés contaminés

Publié le 06/06/2017
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Crédit photo : KEVIN CURTIS/SPL/PHANIE

Avec l'affaire des graines germées à la même époque, c'est une des intoxications alimentaires les plus sérieuses du début de ces dernières années. Le procès SEB, fournisseur à Lidl de steaks hachés contaminés par la bactérie E.coli en juin 2011 a commencé mardi au tribunal correctionnel de Douai.

En ce tout début d'été 2011, l'Agence régionale de santé (ARS) du Nord-Pas-de-Calais avait alerté sur des cas d'intoxications alimentaires à une souche spécifique de la bactérie E.coli, 0157H7, particulièrement nocive. L'enquête devait établir que 18 victimes, des enfants pour la plupart, avaient consommé des steaks hachés surgelés fabriqués par SEB et commercialisés chez Lidl sous la marque "Steak Country".

Au procès mardi matin, la présence dans la salle de Nolan, 8 ans, en fauteuil roulant à cause des lésions ayant lourdement limité ses capacités motrices et mentales, a donné un tour grave au procès. La présidente a également décrit les Syndrômes hémolytiques et urémiques (SHU) développés par les autres consommateurs de ces steaks, en majorité des enfants. Ils ont tous subi de nombreuses hospitalisations et gardent souvent des séquelles rénales.

Guy Lamorlette, 76 ans, fondateur et gérant de la société liquidée fin 2011, et Laurent Appéré, 46 ans, son responsable qualité, comparaissent pour "blessures involontaires par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à trois mois" et "tromperie sur une marchandise entraînant un danger pour la santé de l'homme". Entre autres manquements,ils sont soupçonnés d'avoir délibérément décidé de ne pas diligenter d'analyse spécifique à cette souche lorsque, sur les lots mis en cause, ils ont été confrontés à une concentration bien plus élevée que le seuil règlementaire de la bactérie E.coli: 770 germes contre 500.

L'un et l'autre se renvoient la responsabilité des manquements aux obligations sanitaires de contrôle des lots de viande hachée. Et dans cette stratégie, le distributeur n'est pas en reste. "Nous n'avons aucunement mis la pression sur le prix et la qualité", a souligné mardi l'avocate de Lidl auprès de l'AFP. "Nous faisions appel à un laboratoire agréé. La triste réalité, c'est que SEB n'effectuait pas (correctement) le contrôle bactériologique des marchandises". L'enseigne, qui avait rompu son contrat avec SEB à la suite du scandale, s'est d'ailleurs aussi constituée partie civile, s'estimant victime de tromperie sur la marchandise livrée.


Source : lequotidiendumedecin.fr