Jean Astruc, auteur du premier ouvrage réellement exhaustif sur la syphilis et les autres maladies vénériennes, ne fut pas accueilli avec beaucoup de ferveur par ses collègues de la Faculté de médecine de Paris ce 14 juillet 1743 qui le méprisent, le jugeant " trop habile, horriblement vaniteux, méchant fourbe, plus craint qu'aimé ". Ils vont même donner le surnom de "savantasse", en référence à une pièce alors en vogue de La Mettrie, à ce médecin jugé trop mondain et privilégiant trop la théorie à la pratique.
Mésestimé par ses pairs, Jean Astruc était pourtant né le 19 mars 1684, à Sauve, dans le Gard, "sous un bon astre" puisque c'est la signification de son patronyme d'origine juive. Installée au pied des Cévennes, en pleine terre protestante la famille Astruc avait d'abord opté pour cette religion avant que le père de Jean Astruc, Pierre, pasteur à Aigremont, abjure sa foi lors de la révocation de l'Edit de Nantes en 1685 et devienne avocat. Par la force des choses, Jean Astruc qui avait été baptisé au temple de Sauve devint donc lui aussi catholique romain.
Une mémoire prodigieuse
Astruc accomplit de brillantes études à Montpellier où il se singularise par sa mémoire prodigieuse et son don pour les langues qu'elles soient vivantes (italien, anglais) ou mortes (latin, grec, hébreu). Reçu docteur à l'âge de 19 ans il est nommé professeur d'anatomie à Toulouse en 1710, puis professeur de médecine à Montpellier en 1716, en remplacement de Pierre Chirac, son maître. Après avoir obtenu le poste de surintendant des eaux minérales du Languedoc en 1721, Astruc devient le médecin personnel et aussi l'amant de Mme de Tencin - ou plus exactement Claudine-Alexandrine-Sophie Guérin de Tencin, baronne de Saint-Martin de l’isle de Ré - qui venait d'ouvrir son "bureau d'esprit", l'un des salons littéraires les plus prisés de Paris où se pressèrent au fil des années Fontenelle,Marivaux, l'abbé Prévost, Marmontel ou encore Montesquieu. La liaison entre Astruc et Mme de Tencin se poursuivra jusqu'à la mort de celle-ci en 1649 et le médecin qui s'était forgé une solide réputation d'avarice sera alors accusé d'avoir accaparé son héritage de manière douteuse : "Mme de Tencin est morte dans les premiers jours de ce mois-ci. Elle fait son légataire Astruc à qui l'on prétend qu'elle a remis de la main à la main, beaucoup d'effets mobiliers et est gravement soupçonné d'avoir volé la succession..."
Entretemps, le médecin languedocien a poursuivi son ascension et après avoir été durant un an le médecin du roi de Pologne, Auguste II, il devient le médecin consultant de Louis XV en 1730.
Quand les chirurgiens se moquent...
Titulaire de la chaire de médecine au Collège royal en 1731, Astruc publie en 1736 son "De morbis venereis" qui sera traduit en français en 1740 sous le nom de "Traité des maladies vénériennes". Comme pour ses autres ouvrages, ses adversaires vont reprocher à Astruc de n'avoir fait que citer les autres auteurs qui ont précedemment écrit sur le sujet. Il s'attire ainsi les moqueries des chirurgiens -qu'il avait traité d'"empiriques tatonnants et incultes" dans la deuxième édition de "De morbis venereis" - qui notent que dans son ouvrage, il cite et commente 14 mots chinois caractérisant la vérole et ses apanages plutôt que de donner l'ébauche d'un traitement efficace !
Jean Astruc, mort le 5 mai 1766, est connu aussi pour un important ouvrage de critique biblique sur la Genèse, " Les Conjectures sur les mémoires originaux dont il paraît que Moyse s’est servi pour composer le livre de la Genèse".
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