Après l’adoption mi-mai par la commission de transparence de la Haute autorité de santé (HAS) d’un projet d’avis favorable au déremboursement des médicaments homéopathiques par l’Assurance maladie, les laboratoires Boiron, Lehning et Weleda avaient la possibilité de réclamer une audition. Ce qu’ils ont logiquement fait.
Mercredi, trois experts mandatés par ces labos (deux médecins généralistes homéopathes, et un médecin de santé publique) avaient rendez-vous au siège de la HAS pour défendre une ultime fois l’homéopathie avant que l’autorité ne rende son avis définitif fin juin.
« Enfermés dans une discussion sur un médicament »
À l’issue de cette réunion, les trois experts se sont montrés pessimistes, même s’ils se sont refusés à tout pronostic sur la teneur de l’avis définitif. « Nous avons été très bien reçus mais nous avons l’impression d’un malentendu, a expliqué le Dr Bernard Poitevin, généraliste homéopathe et conseiller scientifique du SNMHF. Nous présentions des travaux qui portaient sur une stratégie thérapeutique et nous avons été enfermés dans une discussion sur un médicament ». « Nous nous attendions à ce que l'autorité de santé ait un regard large sur la santé. Mais la commission de transparence a analysé uniquement l'aspect médical ».
« Nous avions vraiment l’impression de ne pas être devant la bonne commission », a abondé le Dr Jean-Lionel Bagot, généraliste et responsable du DU d’homéopathie à l’université de Strasbourg. De fait, celui-ci estime que « les conclusions de la commission de transparence ne peuvent pas être adaptées à la question posée, qui est de savoir si l’on doit ou non continuer à rembourser l’homéopathie ».
Le Dr Patrick Blin, médecin de santé publique a quant à lui jugé que « la commission a étudié ces médicaments comme le ferait l’ANSM, alors ce sont des produits sans indication thérapeutiques ».
Si les experts ont pu « développer leur mode de pensée » et défendre plusieurs études (essais cliniques contre placebo ou contre traitement de référence, Epi 3…), le président de la commission de transparence leur a, selon eux, expliqué que la commission « recevait très bien [leurs] arguments » mais qu’elle ne « pouvait pas les prendre en compte » étant donné que sa mission était d’évaluer un médicament.
Parallèlement à l'audition, le camp des pro-homéopathes (médecins, patients et labos) a présenté un livre blanc réalisé avec le soutien des laboratoires intitulé « Quelle place pour l'homéopathie dans l'offre de soins ? » dans lequel il demande de maintenir le remboursement et de « renforcer la formation des professionnels de santé à l'homéopathie ».
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