Attendu de longue date, l’avis de la Haute autorité de santé (HAS) sur le bien-fondé du remboursement de l’homéopathie par l’Assurance maladie n’en finit plus de faire parler. La divulgation mercredi dernier de la teneur d’un « projet d’avis » adopté par la commission de transparence de la HAS par le journal Libération a suscité une énième polémique.
Après les laboratoires Boiron, Lehning et Weleda, le Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF) dénonce à son tour la fuite dans la presse du contenu du « projet d'avis » et se dit « extrêmement préoccupé par les irrégularités survenues la semaine passée dans la procédure d’évaluation ».
« Tout semble orchestré pour que la décision de déremboursement soit prise après un simulacre d’évaluation », s’indigne l'organisation présidée par le Dr Charles Bentz. Elle relève également que la commission de transparence de la HAS ne comporte aucun expert de l’homéopathie et s’étonne une nouvelle fois des prises de position d’Agnès Buzyn sur le sujet, qu’elle juge de « de plus en plus ouvertement favorables au déremboursement ».
« S'il est prévu que cette phase doive se dérouler de façon confidentielle, c'est qu'il y a des raisons, estime le Dr Bentz, joint par Le Généraliste. La procédure doit se dérouler dans un climat serein et sans aucune pression. » Le président du SNMHF attend désormais l'avis officiel de la HAS (prévu courant juin) et la décision politique qui en découlera. Pour lui, celle-ci « engagera le gouvernement ». Et en cas de déremboursement de l'homéopathie, le Dr Bentz laissera « les patients électeurs en tirer les conclusions ».
Les conséquences sur l’emploi invoquées par ses défenseurs
Suspendue depuis jeudi, la cotation des actions des laboratoires Boiron a repris ce lundi. Vendredi, le leader du marché a rappelé qu’un sondage Ipsos datant d’octobre 2018 — commandé par Weleda, Lehning et Boiron — avait révélé que 74 % des Français qui ont recours aux médicaments homéopathiques les jugent efficaces et sont contre l’arrêt de leur remboursement.
« La France génère 60 % du chiffre d’affaires du groupe et un éventuel déremboursement menacerait un millier d’emplois, ont précisé les laboratoires Boiron. Un déremboursement éventuel aurait des conséquences négatives pour les patients, pour les finances publiques et pour l’économie française. »
Un argument repris par une cinquantaine de députés — parmi eux des élus LREM et un médecin acupuncteur — dans un courrier adressé à Agnès Buzyn. Ceux-ci soulignent que « Boiron est une entreprise qui exporte fortement » et qui permet à la France « d’améliorer l’état de sa balance commerciale ». « Il serait ainsi dommageable de casser cette dynamique par une réforme de santé publique », écrivent les élus. Et ceux-ci d'avertir : « les conséquences de cette décision ne seront pas uniquement médicales, mais également sociales, industrielles et financières ».
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