À l’occasion de la journée nationale contre les hépatites virales qui se déroule ce 20 juin, le dernier BEH se consacre au dépistage et à la prise en charge des populations dites vulnérables vis-à-vis du VHB et VHC. Il s’agit généralement de personnes ayant des caractéristiques de fragilité, économique, sociale ou autre qui les tiennent éloignées des systèmes de prévention et de soins et ainsi, les exposent à un risque plus élevé d’infections virales. On peut citer notamment les migrants qui restent parmi les plus touchés par l’hépatite C avec une estimation de 50 000 personnes infectées en 2011. Deux études menées, l’une dans deux permanences d’accès aux soins à Créteil et l’autre au centre de santé du Comete (hôpital Kremlin-Bicêtre), ont confirmé la forte prévalence de ces infections dans ces populations mais elles montrent aussi qu’il est faisable de proposer de manière systématique le dépistage de ces pathologies.
Un dépistage systématique dans les PASS envisageable
Ainsi, une étude réalisée dans deux PASS à Créteil - qui se poursuit encore en moment - a montré des résultats plutôt encourageants. De mai 2007 à décembre 2015, le dépistage a été proposé à 3 540 personnes et effectué chez 81 % d’entre eux. Il s’agissait, dans une grande majorité de migrants originaires d’Afrique subsaharienne et demandeurs d’asiles ou en séjour irrégulier. Une sérologie positive était observée chez 10,2 % des patients, soit 7,4 % présentaient l’antigène HBs et 3,1 % les anticorps anti-VHC. L’accès à une consultation spécialisée et à un bilan virologique a été possible dans 90 % des cas. Les prévalences variaient en fonction des origines géographiques des patients, celle du VHB était la plus élevée pour les migrants venant d’Afrique subsaharienne alors pour le VHC elle était la plus importante pour les sujets d’Europe de l’Est (en particulier la Roumanie).
Ces chiffres montrent avant tout que le dépistage des hépatites B et C est bien accepté par les patients en consultation médicale de premier recours. Pourtant, bien que le dépistage ciblé, notamment chez les migrants nés dans des régions de forte endémie soit recommandé en France, celui-ci n’est pas, en pratique, effectué systématiquement. En général, le dépistage est réalisé plus souvent s’il est effectué immédiatement et sur place. Ce qui montre l’intérêt de recourir aux tests rapides d’orientation diagnostique (TROD). En outre, il est intéressant de voir que 98 % des malades sont venus chercher leurs résultats et 87 % ont honoré le rendez-vous de consultation spécialisée proposé. Il est donc probable que l’organisation mise en place (le court délai entre le test et le résultat ou entre le résultat et la consultation) a pu faciliter l’accès aux soins. Toutefois, ces données pourraient encore être améliorées, notamment au niveau du suivi car encore trop de patients sont perdus de vue prématurément (110 des 278 malades).
Une hausse du nombre de tests, une diminution du taux de positivité dans les CDAG
En parallèle, les consultations de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) ont fourni un dernier bilan de leurs activités sur les 15 dernières années. Celui-ci montre une augmentation des dépistages des hépatites virales et du VIH corrélés à une diminution des taux de positivité. Ce qui pourrait s’expliquer par un élargissement des activités vers un public moins exposé aux infections. Plus précisément, les personnes ayant eu recours au dépistage sont en majorité des hommes et pour moitié des jeunes adultes de moins de 30 ans, sans doute attirés par la confidentialité et la gratuité des analyses.
D’autre part, quelle que soit l’infection virale, les taux de positivité étaient significativement supérieurs chez les hommes que chez les femmes. Ce constat est probablement lié au fait que les hommes développent plus fréquemment des comportements à risques (usage de drogues, multipartenariat). D’ordre général, les taux de positivité pour les hépatites B et C ont chuté dans toutes les classes d’âge, excepté chez les seniors de plus de 50 ans, et ce, malgré une hausse du dépistage dans cette tranche d’âge. Concernant le VIH, ces observations pourraient s’associer à une hausse des comportements à risques chez les seniors, mais, pour le VHC, il s’agirait davantage du vieillissement d’une population porteuse d’une infection chronique.
Ainsi, il est nécessaire de mieux caractériser les personnes fréquentant ces structures afin d’améliorer les stratégies de dépistage. Dans tous les cas les activités « hors les murs » et l’usage des TROD devront à l’avenir être intensifiés afin d'atteindre tous les groupes à risques. Notamment les usagers de drogues, qui avec près de 50 000 individus infectés, restent les principaux réservoirs de transmission de l’hépatite C.
De même, l’usage de drogues par voie veineuse dans les pénitenciers fait que la prévalence du VHC est cinq fois supérieure chez les détenus que dans la population générale. Des mesures pour un dépistage et un suivi optimal ont été identifiées et devraient s’appliquer dans les unités sanitaires en milieu pénitentiaire (USPM) incluant une formation pour les équipes concernées.
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