Les troubles causés par l’alcoolisation fœtale concernent 1 % des naissances soit environ 8 000 nouveau-nés par an (source PMSI). Le syndrome d'alcoolisation fœtale, la forme la plus grave toucherait 700 à 3 000 enfants d’après l’expertise collective de l’Inserm : « Alcool, effets sur la santé ». Il associe une dysmorphie cranio-faciale, un retard de croissance et un déficit mental. Moins extrême, l’exposition prénatale à l’alcool perturbe le développement de nombreuses structures cérébrales, avec la survenue à long terme de troubles cognitifs, comportementaux et mnésiques voire de tendances addictives dans lesquels interviennent des mécanismes épigénétiques.
Si cette exposition est la première cause non génétique de handicap mental chez l'enfant, ses conséquences sont potentiellement évitables par une abstinence alcoolique chez la mère. D’où l’intérêt de détecter l’alcoolisation maternelle.
Dans ce but, des auto-questionnaires ont été validés ; ils permettent, sans culpabiliser les femmes, de faciliter le dialogue.
Les nouveaux biomarqueurs pourraient aussi changer la donne du dépistage. À la différence des tests biologiques classiques (gamma GT – bilan hépatique – hémogramme), peu spécifiques, ils mesurent directement la concentration des métabolites dérivés de l'éthanol. Mesurables par une simple analyse de cheveu (ou de sang ou d’urine) chez la mère et par un dosage dans le méconium du fœtus, ils permettent de repérer rétrospectivement une alcoolisation maternelle avec consommation excessive et/ou répétée ; Deux catégories de marqueurs ont été validées par consensus (SOHT, Bordeaux, juin 2014) : l’Ethyl Glucuronide et les Esters Éthyliques d’Acides Gras.
Une maladie chronique
L’Académie de médecine a pris la mesure du problème : « l’alcoolisation fœtale doit être considérée, au même titre que le diabète gestationnel et l’hypertension gravidique, comme une maladie chronique » (1). Dans ce contexte, les biomarqueurs biologiques modernes de l’alcoolisation trouvent légitimement leur place dans la surveillance globale de la grossesse, comme c’est déjà le cas au sein de politiques de santé publique menées dans d'autres pays. Les progrès de l’IRM chez le fœtus in utero et chez le nouveau-né peuvent également aider à localiser les zones cérébrales impactées par l’intoxication à l’alcool.
En pratique quotidienne, chez les femmes en âge de procréer, au cours des consultations de contraception et de préparation à la naissance, il est bon de rappeler que le risque d’atteinte du fœtus est en général lié à la dose et à la durée de l’alcoolisation. Il est ainsi recommandé de s’abstenir de toute consommation d’alcool dès le désir de grossesse, pendant toute sa durée et jusqu'à la fin de l'allaitement. Cette recommandation vaut pour toutes les occasions de consommation, qu'elles soient quotidiennes ou ponctuelles (y compris festives).
La prévention représente une donnée essentielle du problème, mais reste délicate à mettre en œuvre, car l’alcool est, en France, un sujet tabou, surtout chez la femme enceinte. Son rôle est d’autant plus important que tout arrêt d’alcoolisation au cours de la grossesse réduit d’autant les conséquences fœtales, notamment neuro-développementales. Par ailleurs, la détection précoce d’une alcoolisation chez le nouveau-né permet aussi d’envisager une prise en charge spécifique de son environnement familial, souvent vulnérable.
http://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2016/03/Rapport-alcoolisation-
foetale-d%C3%A9finitif-14-3-16.pdf
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