Implanté en France métropolitaine depuis 2004, le moustique Aedes albopictus – vecteur des virus de la dengue, du chikungunya et du virus Zika – expose au risque de transmission autochtone de ces arboviroses en cas de retour en métropole de personnes infectées dans des zones où circulent ces virus. Le dernier numéro du Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH) en date du 10 juillet consacré à ces arboviroses recense en 2017, 37 cas de chikungunya, 269 cas de dengue, et 28 cas d'infections à virus Zika (probables ou confirmés). De façon globale, la grande majorité d'entre eux ont été des cas importés (319), contre 18 cas autochtones. Sur les 37 cas de chikungunya recensés, 20 étaient importés et 17 autochtones.
En France, la surveillance épidémiologique est basée sur la déclaration obligatoire des cas probables et confirmés. Un dispositif spécifique est également mis en place de mai à novembre durant la « période de surveillance renforcée » dans les départements où le moustique est présent.
Une surveillance actuelle coûteuse et inutile
Or, d'après les auteurs de l'article, l'actuel dispositif spécifique de « surveillance renforcée » n'est pas efficient, entraînant « une mobilisation importante de ressources humaines et logistiques et des interventions, finalement inutiles et coûteuses ». Ainsi en 2017, ce dispositif a permis 729 signalements d'arbovirose, dont une majorité a été infirmée. Dans ce dispositif, trop de PCR sont effectués tardivement et des tests sérologiques de façon précoce. Ces prescriptions inappropriées d'examens peuvent entraîner des faux négatifs, un retard ou une absence de diagnostic, et au final un retard ou une absence des actions de démoustication. Ce dispositif est clairement remis en cause par la BEH.
Renforcer la sensibilisation des professionnels de santé
Les auteurs préconisent de renforcer « la sensibilisation et la formation des professionnels de santé (...) afin d'améliorer l'évocation du diagnostic des arboviroses transmises par Ae. albopictus, les bonnes pratiques de prescription et le signalement des cas à l'ARS, en particulier en période d'activité du vecteur ». Il est en particulier recommandé de raccourcir le délai entre le début des symptômes et le prélèvement sanguin : un délai court permet une confirmation par RT-PCR, qui est le test à privilégier.
Une préoccupation d'autant plus justifiée qu' aedes albopictus s'est étendu à 9 nouveaux départements en 2018 et que l'épidémie de dengue sur l’île de La Réunion pourrait entraîner une augmentation des signalements en 2018.
Chikungunya : une prise en charge trop tardive
Un second article du même BEH consacré aux 17 cas autochtones de chikungunya dans deux communes du Var survenus en été 2017, parvient à la même conclusion. Il s'agissait du foyer de chikungunya le plus important de la métropole connu jusqu'ici. Le cas primaire venait du Cameroun. Les auteurs de l'article indiquent que les diagnostics de chikungunya ont été évoqués avec beaucoup de retard par les professionnels de santé, contribuant à la transmission de la maladie. Et là encore, dans leurs conclusions, les auteurs soulignent « la nécessité de renforcer les connaissances des professionnels de la santé vis-à-vis des arboviroses. »
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