Censée se tenir en mars au Palais des Congrès de la porte Maillot (Paris), la 14e édition du Congrès de la médecine générale France s’est finalement ouverte ce jeudi. Coronavirus oblige, les organisateurs ont dû innover en mettant en place pour la première fois de son histoire un e-congrès. Un rendez-vous inédit lancé par les discours des Drs Isabelle Cibois-Honnorat et Paul Frappé, respectivement présidente du Comité Scientifique du CMGF 2020 et président du Collège de la médecine générale (CMG), suivis d'une courte intervention enregistrée du ministre de la Santé Olivier Véran.
Alors que la médecine générale a payé un lourd tribut pendant l’épidémie de coronavirus, les Drs Cibois-Honnorat et Frappé tout comme le ministre de la Santé ont rendu hommage aux médecins généralistes décédés du Covid-19, ainsi qu’à leurs proches. Le Dr Frappé a ainsi témoigné de sa « profonde empathie » pour les familles. Les deux généralistes ont ensuite salué l’ensemble de la profession pour son engagement dans la lutte contre l’épidémie de coronavirus. « On nous a traités de superhéros, on nous a applaudis, mais on a pris cher quand même », a souligné le Dr Cibois-Honnorat.
Évoquant les controverses autour de la chloroquine, « les mois écoulés ayant été difficiles pour la communauté scientifique avec des données pipées et des études bâclées », la présidente du Conseil scientifique du Congrès a remercié « ceux qui ont œuvré, notamment sur Twitter, pour rétablir un peu de vérité et qui nous ont ainsi rendu la vie un peu plus facile ». Le patron du Collège a quant à lui taclé sans le nommer le Pr Didier Raoult, le médiatique infectiologue étant qualifié de « Chuck Norris marseillais de la médecine ».
Le Ségur vu par le CMG, service minimum pour Véran
Le congrès se déroulant en plein cœur d'une concertation sociale autour de l'avenir du système de santé, le Dr Paul Frappé a regretté la « teinte essentiellement hospitalocentrée » du Ségur de la Santé, dont les conclusions sont attendues dans les deux prochaines semaines. Le président du CMG a souligné que les quatre axes piliers du Ségur (revalorisation des soignants, financement/investissement, simplification et territorialité) pouvaient « tout à fait se décliner pour la médecine générale ». Le Dr Frappé a notamment rappelé que les omnipraticiens français figuraient parmi les moins bien rémunérés de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) et s’est à nouveau opposé à la « remise des clés de la recherche en soins primaires aux CHU ». Le patron du Collège a également plaidé pour la suppression « une bonne fois pour toutes » des « certificats inutiles » qui polluent les « consultations » et placent les patients dans des situations inconfortables vis-à-vis d’assurances ou d’écoles. Il s’est enfin réjoui de l’engouement pour la téléconsultation, devenue selon lui « un outil indispensable » des médecins généralistes (ce sujet sera l'objet d'une table ronde organisée en partenariat avec Le Généraliste ce vendredi à 11h45, salle Neuilly).
La plénière d’ouverture du Congrès s’est conclue par une courte intervention d’Olivier Véran, qui n’aura donné aucune indication sur les mesures qui déboucheront du Ségur de la Santé. Après avoir lui aussi rendu hommage aux omnipraticiens emportés par le coronavirus et témoigné de son « immense gratitude » pour « l’engagement extraordinaire » des omnipraticiens pendant la crise, le ministre a incité ces derniers à « donner de la force et à s’engager pleinement » dans les structures coordonnées (équipes de soins primaires, maisons de santé pluriprofessionnelles, communautés professionnelles territoriales de santé) que le Ségur entend favoriser.
Enfin, le ministre de la Santé a tenu à rassurer la profession quant aux délégations de compétences, affirmant qu’elles n’étaient pas « une remise en cause des prérogatives médicales » et qu’elles ne visaient pas à « dénaturer la profession ».
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