Alors que la chirurgie bariatrique est en plein essor, la Haute autorité de santé met en garde contre le bypass gastrique "en oméga", une nouvelle technique de plus en plus utilisée mais non validée et potentiellement plus à risque de complications.
Chaque année en France, près de 13 000 personnes bénéficient d’une chirurgie de l’obésité par bypass gastrique. La technique "en Y" est la plus ancienne et reste pour le moment la seule à être recommandée par la Haute Autorité de santé. Mais depuis quelques années, une autre méthode plus simple à réaliser – dite de bypass "en oméga" – s'est largement diffusée, en dehors de tout statut officiel.
Pourtant, « cette technique ne représente pas une alternative pertinente au bypass "en Y "» estime la HAS au terme d’une évaluation dédiée.
Plus de complications
Selon l’institution, « les études révèlent un plus grand nombre de complications graves – parmi lesquelles des carences sévères (notamment en vitamines et minéraux) et des reflux biliaires ».
De surcroit, « il n'existe pas de données probantes sur une meilleure efficacité par rapport au bypass "en Y "».
Dans ce contexte, la HAS s’est prononcée contre le remboursement du bypass "en oméga" dans le traitement chirurgical de l'obésité (actuellement sa prise en charge est rendue possible par le caractère générique du libellé de l'acte remboursé par l'Assurance maladie, sans précision sur la technique employée).
Par ailleurs, elle préconise de ne plus effectuer de bypass "en oméga" avec une anse de 200 cm. Quant aux bypass "en oméga" avec une anse de 150 cm, une modalité alternative qui limiterait les complications nutritionnelles, la HAS appelle à ne les réaliser que dans le cadre d'essais cliniques.
Vigilance accrue pour les patients déjà opérés
Concernant les patients déjà opérés, la HAS recommande le même suivi que pour la technique "en Y" mais avec une vigilance particulière vis à vis des complications nutritionnelles et de celles liées au reflux biliaire – « dont on ignore les conséquences à long terme ». La HAS préconise en particulier une fibroscopie cinq ans après l'intervention chirurgicale.
Ce coup de frein survient alors que les risques de complications liés à la chirurgie bariatrique se précisent de plus en plus.
Récemment, une étude française publiée dans le Lancet Diabetes & Endocrinology avait conclu, après un suivi de 7 ans, à un bénéfice en termes de mortalité dans l'obésité mais au prix d’un risque doublé de complications chirurgicales (occlusion, ulcère hémorragique ou perforée, hernies pariétales) et d’un risque de carences nutritionnelles (essentiellement carence martiale et dénutrition) nécessitant une hospitalisation multiplié par 2 à 5 en fonction du type d’opération. Le risque était plus important en cas de bypass qu'en cas de sleeve gastrectomie.
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