Encore beaucoup trop de PSA prescrits ! Certes, les choses bougent, mais trop lentement selon la dernière publication de la Cnam dans le BEH de ce jour sur le dosage du l’antigène spécifique prostatique (PSA) pour détecter un cancer de la prostate et l’évolution de sa prise en charge. Entre 2012 et 2014, 62 % des hommes âgés de 50 à 69 ans et 68 % des hommes de plus de 75 ans ont réalisé au moins un dosage de PSA. Et la quasi-totalité de ces examens (88 %) est prescrite par un médecin généraliste, qui dans 95 % des cas les associe à d’autres examens dans le cadre d'un « bilan de santé », aux côtésde la NFS, de la glycémie, du bilan lipidique, etc.
Et même si la tendance est plutôt à la baisse de 3% depuis 2009, ces chiffres restent élevés et suffisent à expliquer qu’Assurance maladie, Institut National du Cancer, Collège de la Médecine Générale et HAS se soient réunis ce matin pour délivrer un message clair visant endiguer ce flot de prescriptions. Pour ces 4 institutions, le dosage de PSA tel qu’il est encore pratiqué aujourd’hui, non seulement ne réduit pas la mortalité de ce cancer, mais provoque de nombreuses complications irréversibles induites par des traitements inappropriés. Selon le Pr Luc Barret, médecin-conseil national de l’Assurance Maladie, ce cancer est « surdiagnostiqué et surtraité ». En effet, le test PSA peut être faussement négatif et rassurer à tort, la valeur prédictive négative (VPN) est de 90% ce qui signifie que parmi les hommes qui ont un PSA < 4ng/ml, 9 sur 10 n’ont pas de cancer et 1 sur 10 en a un. Et sa valeur prédictive positive (VPP) est de 30 %, ce qui signifie que parmi les hommes qui ont un PSA > 4 ng/ml, 3 sur 10 ont un cancer et 7 sur 10 n’en ont pas.
Et chez les hommes traités pour un cancer de la prostate en 2012 en France, 50 % ont présenté une ou plusieurs complications nécessitant un traitement dans les deux ans suivant le diagnostic, avec notamment des troubles de l’érection traités pour 35 % des hommes et une incontinence urinaire traitée pour 21 % d’entre eux.
Ce dépistage a donc des bénéfices insuffisamment prouvés au regard de ses inconvénients. Mais pour autant, à titre individuel, pour un homme dont le cancer serait ou deviendrait agressif, le dépistage peut être bénéfique. S’appuyant sur les recommandations de la HAS de 2010 et 2012, dont les conclusions restent d’actualité, deux nouveaux outils destinés aux médecins et à leurs patients pour « faciliter une décision éclairée et partagée » sont désormais disponibles sur le site de l’INCA. « Les limites et les risques de dépistage sont non négligeables et nécessitent que chaque homme décide en connaissance de cause », concluent les experts.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation