Quels bénéfices attendre d’une prise en charge gériatrique en périopératoire ? Une équipe du CHU de Nîmes recrute actuellement des patients pour l’étude Diger qui cherche à comparer la prise en charge en unité périopératoire de gériatrie (Upog) au standard en service de chirurgie digestive sur l’évolution du statut fonctionnel à 3 mois chez des patients âgés de 70 ans et plus opérés d’un cancer colorectal.
Cette étude, coordonnée par la Dr Coralie Labarias, est menée par l’Upog du CHU de Nîmes ouverte depuis 2019 sur le modèle de celui développé initialement à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris en 2009 par le Pr Jacques Boddaert, gériatre. Généralisées ces dernières années, ces Upog (environ 30 unités en France) prennent en compte les spécificités gériatriques au sein d’une équipe pluridisciplinaire. L’objectif premier est de maintenir au mieux l’autonomie dès la sortie du bloc et jusqu'au retour à domicile, de prévenir la morbimortalité et la iatrogénie.
Étude Diger : un objectif de 90 patients inclus d’ici à 2026
L’étude Diger inclut des patients de plus de 70 ans atteints d’un cancer colorectal non métastatique devant subir une colectomie, avec ou non une thérapie anticancéreuse néo-adjuvante. « Nos critères sont assez larges et nous excluons seulement les patients qui nécessiteront une stomie après l’opération », explique la Dr Coralie Labarias pour le Quotidien. L’essai contrôlé randomisé vise à totaliser 90 patients d'ici 2026 (une vingtaine est déjà incluse en octobre 2024) et comparera une colectomie réalisée en Upog versus en service de chirurgie digestive.
Les auteurs évalueront à 3 mois l’autonomie des patients grâce à des critères d’évaluation gériatrique (grilles IADL) qui prennent en compte le statut fonctionnel, l’état nutritionnel et la dépendance. « L’Upog du CHU de Nîmes prend déjà en charge les fractures du col ainsi que les urgences cardiovasculaires et digestives, ici nous voulons l’étendre à de nouveaux types de chirurgie, dont la colectomie », met en contexte la Dr Labarias.
Les deux modèles de prise en charge comprennent tout d’abord une consultation en chirurgie digestive (annonce de l’intervention) et une consultation en gériatrie (visite préopératoire). Puis le groupe contrôle a une prise en charge standard dans le service de chirurgie digestive avec ou non une intervention de l’équipe mobile de gériatrie si besoin ; et le groupe expérimental se voit proposer pré-habilitation nutritionnelle, anticipation de la sortie, mobilisation précoce, gestion des comorbidités, prévention de la iatrogénie, gestion des fragilités gériatriques, évaluation quotidienne médicale et paramédicale. L’équipe se compose d’une assistante sociale, de médecins, d’infirmiers, d’ergothérapeutes, de kinésithérapeutes, d’orthophonistes, de psychologues, d’aide-soignants et d’un diététicien.
Le modèle Upog pour préserver l’autonomie
C’est pour la chirurgie de la fracture du col du fémur que le Pr Jacques Boddaert a développé il y a plus de 15 ans la première Upog à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. « En périopératoire les patients gériatriques sont à risque de 3 à 5 complications, qu’il nous faut prévenir », explique le gériatre pour le Quotidien. « Pour ces patients avec des comorbidités à risque de dépendance, l’objectif premier est de prévenir la dépendance iatrogénique, la fragilité et la perte d’autonomie, détaille-t-il. La spécificité de la prise en charge gériatrique commence là où s’arrêtent les compétences des autres. »
Ainsi, l’Upog s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire intervenant en préhabilitation, en amont de la chirurgie, notamment pour prévenir la dénutrition et préparer le patient à l’opération et l’anesthésie, et en réhabilitation, en post-opératoire. « Ici, nous cherchons à éviter aux patients la confusion, la dénutrition, le syndrome d’immobilisation, la chute, la iatrogénie médicamenteuse et l’incontinence qui sont les facteurs de la dépendance iatrogénique », explique le Pr Boddaert.
« L’Upog est bénéfique pour les patients, mais aussi pour l’hôpital, car elle permet aux patients de ne pas rester en service de chirurgie. Mais il faudra réfléchir à l’avenir, car nous ne savons pas si les services de gériatrie pourront supporter le besoin d’Upog, d’autant plus que chaque année la spécialité n’a pas les faveurs des nouveaux internes », conclut le Pr Jacques Boddaert.
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