Suite à la mise en place des Programmes nationaux de Nutrition santé (PNNS) qui ont pour but de contrôler l’épidémie d’obésité et de surpoids, des études ont été réalisées afin de suivre au mieux l’évolution de la corpulence des adultes comme des enfants. Le BEH de cette semaine se consacre à l’analyse des dernières informations disponibles en France sur le sujet.
D’après l’étude ESTEBAN de 2015, la prévalence du surpoids s’élevait à 54 % pour les hommes et 44 % pour les femmes. Quant à l’obésité, les chiffres atteignaient 17 % de la population adulte. Des données qui demeurent stables depuis 2006 si l’on compare ces données à l’étude ENNS menée en 2006. Pour les enfants et adolescents, les prévalences stagnent également. La maigreur est en revanche en hausse de manière significative pour atteindre 13 %. Des données plutôt encourageantes surtout après les travaux parus dans le NEJM qui annonçaient une montée de l’obésité mondiale avec plus de 2 milliards d’enfants et d’adultes qui souffriraient de problèmes de santé liés au surpoids ou à l’obésité.
PNNS : des bilans en demi-teintes
L’étude ESTEBAN de 2015 fournit des informations récentes sur « le poids » des Français dans la métropole (hormis la Corse). Comparer ces nouvelles données à celles établies 10 ans auparavant via l’étude ENNS réalisée en 2006 où le protocole suivi était comparable, permet d’avoir une idée de l’évolution du surpoids dans l’Hexagone. Par ailleurs, les chiffres avancés reposent sur des données anthropométriques mesurées de façon standardisées pour éviter certains biais lors des déclarations.
Première observation, les résultats obtenus indiquent clairement une constance de la prévalence du surpoids comme de l’obésité au cours de cette décennie avec (49 % chez l’adulte), même si celle-ci était plus élevée dans les populations plus âgées. Par exemple, un homme sur trois et une femme sur deux étaient en surpoids chez les 55-74 ans. Si on regarde les objectifs fixés par le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) lors de PNNS 3 (2011-2015), il était attendu de stabiliser la situation concernant l’obésité et de réduire le nombre de personne en surpoids. Le but est donc partiellement atteint.
Toutefois, une analyse plus approfondie montre quelques évolutions significatives. On constate notamment une augmentation de la maigreur chez les hommes passant de 0,7 % en 2006 à 2,4 % en 2015 et en parallèle une diminution de 50 % chez les femmes. De même, on observe un accroissement du surpoids chez les femmes entre 40 et 54 ans de près de 21 %, mais une baisse de 14 % chez les femmes plus âgées (55-74 ans). De manière générale, ce ralentissement de la hausse de l’obésité entre 2006 et 2014 a déjà été remarqué dans certains pays comme l’Irlande, le Royaume-Uni ou le Japon alors qu’elle poursuit son ascension dans le monde au point que, selon les dernières projections, elle touchera environ 18 % des hommes et plus de 21 % des femmes en 2025.
La maigreur est aussi un problème pour les filles
En ce qui concerne les enfants, 17 % des 6-17 ans étaient en surpoids en 2015. Ce chiffre variait peu selon l’âge ou le sexe. Il s’avère néanmoins supérieur à celui de la moyenne européenne (13 %). Au niveau de l’obésité, on dénombre 4 % d’enfants touchés en France sans grande différence selon le sexe, bien loin des prévalences américaine ou canadienne qui sont au-dessus de 10 %. En outre, l’Hexagone figure parmi les pays les moins concernés par l’obésité infantile chez les garçons. En revanche, le pays se situe dans la moyenne concernant les filles.
Si on regarde l’évolution de la corpulence des enfants, le nombre d’entre eux en surpoids ou obèses est resté stable ces dix dernières années avec une prévalence estimée à 18 % en 2006 et 17 % en 2015. L’obésité seule est passée de 3 à 4 %. Néanmoins, la prévalence de la maigreur a significativement augmenté passant de 8 à 13 % et affectant principalement les filles entre 11 et 14 ans. Ainsi l’objectif du HCSP mentionné lors du PNNS 3 qui était de réduire les prévalences de l’obésité comme du surpoids dans cette population n’a pas été atteint. En revanche, la tendance à la stabilisation se confirme comme l’avaient déjà suggéré des enquêtes en milieu scolaire réalisées par la DREES.
Ce bilan mitigé devra à l’avenir être complété par l’analyse de l’évolution des habitudes alimentaires comme de l’activité physique de la population.
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