Obésité : encore peu de traitements en pédiatrie

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Publié le 10/07/2025
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Les analogues du GLP-1 transforment la prise en charge de l’obésité chez les adultes. Qu’en sera-t-il chez les enfants ? Pour le moment, une seule molécule (la setmélanotide) est bien établie, dans des formes rares d’obésité d’origine génétique.

Le liraglutide et le sémaglutide, prescrits aux adolescents, doivent être stoppés si 5 % du poids n’a pas été perdu à 12 semaines

Le liraglutide et le sémaglutide, prescrits aux adolescents, doivent être stoppés si 5 % du poids n’a pas été perdu à 12 semaines
Crédit photo : BURGER/PHANIE

L’obésité est une maladie complexe qui implique des facteurs génétiques, environnementaux et sociaux. Sa prise en charge ne peut donc être que multidisciplinaire, globale, médicale et paramédicale (diététicien, psychologue).

Les analogues du GLP-1, le liraglutide et le sémaglutide, ont été approuvés par l’Agence européenne du médicament chez les adolescents entre 12 et 18 ans, en complément d’un régime hypocalorique et d’une augmentation de l’activité physique. Ces traitements agissent en augmentant le signal de satiété, réduisant ainsi l’appétit. Ils doivent être interrompus après 12 semaines si les patients n’ont pas perdu au moins 5 % de leur poids initial.

Pas de remboursement chez les ados

Le liraglutide (Saxenda, Novo Nordisk) est indiqué chez les adolescents ayant un IMC > IOTF-30 (l’International Obesity Task Force a défini des indices spécifiques aux enfants). « Son prix est élevé, de 180 à 250 euros par mois, et il n’est pas encore pris en charge, rappelle la Pr Rachel Reynaud (CHU Timone Enfants, AP-HM Marseille). Une récente étude a montré l’efficacité et la sécurité d’emploi du liraglutide par rapport à un placebo, en plus des interventions diététiques, chez des enfants obèses de 6 à 12 ans. Ces résultats, prometteurs, doivent toutefois encore être confirmés par un suivi à plus long terme. »

Le sémaglutide (Wegovy, Novo Nordisk) est indiqué, sans remboursement également, chez les adolescents âgés de 12 ans et plus, avec une obésité définie selon les courbes de croissance en fonction du sexe et de l’âge et un poids corporel (IMC ≥ 95e percentile), et un poids supérieur à 60 kg. « Il entre dans la catégorie des médicaments à prescription restreinte et ne peut pas être prescrit par les pédiatres », indique la Pr Reynaud.

Enfin, le tirzepatide, analogue du GLP-1 et du GIP, est en cours de développement en pédiatrie, avec une étude de phase 3 d’ajustement des doses.

Dans le syndrome de Bardet-Biedl

Autre molécule, le setmélanotide, agoniste du récepteur de la mélanocortine-4 (MC4R), est autorisé en accès précoce, chez les enfants de 6 ans et plus, dans le traitement du contrôle de la faim et de l’obésité associée au syndrome de Bardet-Biedl (BBS) génétiquement confirmé. Cette maladie rare, associe le plus souvent une obésité dès l’enfance (due à des défauts ciliaires dans l’hypothalamus affectant la fonction de la leptine), une rétinite pigmentaire, une polydactylie, des difficultés d’apprentissage, et des anomalies génitales et rénales.

Des effets indésirables cutanés (hyperpigmentation) sont à surveiller régulièrement pendant le traitement.

Communications des Pr Rachel Reynaud (Marseille) et Béatrice Dubern (GHU Paris Est-Trousseau, AP-HP)

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du Médecin