L’objectif du gouvernement est d’avoir d’ici la fin de l’année 100 % de la population couverte par une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS). Et si l’objectif n’est pas encore atteint, les CPTS gagnent en effet du terrain comme le montre le quatrième Panel d’observation des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale, publié par la Drees (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère de la Santé) ce jeudi 25 mai.
Comme elle rappelle, en juin 2022, 282 CPTS en fonctionnement couvraient 36 % de la population française et 261, couvrant 28 % de la population, étaient au stade de projet.
D’après l’étude*, début 2022, 20 % des médecins généralistes libéraux déclarent faire partie d’une CPTS en fonctionnement. Une proportion qui a bien augmenté puisque trois ans auparavant**, ils n’étaient que 7 %. Parmi les médecins qui n’exerçaient pas dans une CPTS en 2019, 18 % en font partie trois ans plus tard.
En 2022, 12 % indiquent également faire partie d’une CPTS en projet. En tout c’est donc un tiers des généralistes qui étaient impliqués dans une CPTS début 2022.
« Cette dynamique devrait se poursuivre dans les prochaines années : 14 % des médecins généralistes souhaiteraient en faire partie », ajoute les auteurs.
Néanmoins on pourrait également atteindre un plateau puisque près de la moitié des médecins (48 %) indiquent ne pas faire partie et ne pas souhaiter rejoindre une CPTS. L’inscription par défaut des médecins aux CPTS qui est prévue dans la proposition de loi Valletoux qui sera bientôt examinée à l’Assemblée, risque donc de ne pas faire que des heureux.
Encore des disparités régionales
Concernant le profil des médecins qui faisaient partie d’une CPTS en 2022, il s’agit davantage de femmes (26 % contre 16 % de leurs confrères) et de praticiens exerçant en groupe (26 % de ceux en groupe pluriprofessionnel, 20 % de ceux en groupe monoprofessionnel, et 13 % des médecins travaillant seuls).
Il existe également des disparités régionales. « En particulier, l’exercice coordonné au sein d’une CPTS est plus développé dans les deux régions faisant l’objet d’un suréchantillonnage dans l’enquête : 29 % des médecins de Provence-Alpes-Côte-d’Azur et 27 % de ceux des Pays de la Loire indiquent faire partie d’une CPTS, contre 19 % des médecins du reste du territoire », détaille la Drees.
Même si elles se développent et se font connaître auprès de plus en plus de médecins, une majorité de généralistes (49 %) n’ont pas encore d’avis tranché sur ce mode d’organisation. 13 % considèrent qu’il s’agit d’un mode d’organisation incontournable dans les années à venir, 27 % d’une approche intéressante parmi d’autres et 12 % estiment qu’elles sont inutiles.
Le gouvernement a donc encore du travail à faire pour convaincre l’ensemble de la profession de s’impliquer dans ce nouveau mode d’organisation. À cet effet, Agnès Firmin Le Bodo a d’ailleurs lancé un tour de France des CPTS afin d’identifier les points d’amélioration avant la généralisation d’ici fin 2023. Trois personnalités sont chargées de lui remettre un rapport. En déplacement ce 25 mai dans la CPTS du 19e arrondissement de Paris, la ministre a annoncé que la remise du rapport aurait lieu fin juin.
Suite et fin de cette journée à la rencontre des professionnels de santé à la CPTS Paris 19e pour un point d'étape de la mission "Tour de France" que j'ai lancée le 6 mars.
— Agnes Firmin Le Bodo (@agnesfirmin) May 25, 2023
Remise du rapport fin juin
Objectif 100 % de la population couverte d’ici la fin de l’année pic.twitter.com/lnIAr51D4T
Les assistants peinent toujours à convaincre
À côté des CPTS, d’autres formes de coordination se développent plus lentement.
L’étude de la Drees renseigne également sur l’évolution des équipes de soins primaires (ESP). En 2022, 13 % des généralistes en font partie contre 10 % en 2019. Mais les ESP sont une forme de coordination moins permanente puisque, parmi les médecins qui étaient membre d’une ESP en 2019, la moitié (49 %) n’en fait plus partie trois ans plus tard. « Ce qui peut être dû au caractère plus souple et potentiellement transitoire de cette forme de coordination », analyse les auteurs.
Autre dispositif sur lequel le gouvernement mise mais qui peine à se développer, celui des assistants médicaux.
Même si la plupart des généralistes en ont entendu parler (91 %). Début 2022, seulement 5 % des médecins généralistes ont un assistant médical.
Mais au-delà de cette proportion faible, le dispositif ne semble pas forcément bénéficier d’un élan positif puisque seulement 11 % souhaiteraient y recourir (59 % ne le souhaitent pas et 30 % ne s’expriment pas sur la question). Et si 41 % des généralistes estiment que le dispositif d’assistant médical peut tout à fait ou plutôt être une solution pour mieux répondre aux sollicitations des patients, ils sont plus nombreux (47 %) à exprimer le contraire.
Cette étude ayant été réalisée en 2022, les nouvelles conditions pour l’embauche d’un assistant médical qui ont été décidées dans le règlement arbitral vont-elles contribuer à faire changer d’avis certains praticiens ?
*3 300 médecins généralistes libéraux, installés au 1er janvier 2018, ayant au moins 200 patients dont ils sont le médecin traitant et sans mode d’exercice particulier exclusif, ont été interrogés entre janvier et avril 2022.
**3 300 médecins généralistes libéraux, interrogés par téléphone d’octobre 2018 à février 2019.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes