Quelles sont selon vous les principales raisons aux problèmes que rencontre la permanence des soins ?
Dr Thomas Mesnier Il y a plusieurs difficultés. Sur mon territoire en Charente, les médecins généralistes ont des journées extrêmement chargées. Ils ont de plus en plus de mal à répondre à la demande et s’épuisent. Ils sont aussi de moins en moins nombreux, donc les gardes reviennent davantage. En conséquence, les problèmes s'accentuent pour l’organisation de la PDSA.
Comment redonner l’envie du volontariat pour les gardes ?
Dr T. M. Il ne faut pas perdre de vue que nous sommes médecins. Nous avons prêté serment. D'où notre obligation, notre devoir moral d’apporter des soins et de nous organiser pour cela. Mais il nous faut faciliter davantage la vie des médecins. Nous devons alléger leur travail administratif. Cela contribuera à simplifier l'exercice et aura une incidence sur l'activité le soir et le week-end. Combien de patients arrivent à 21 heures aux urgences faute d’avoir pu être reçus en cabinet de ville dans la journée ?
La permanence des soins repose sur le volontariat depuis 2003. Faut-il revenir à des gardes obligatoires ?
Dr T. M. Nous devons avoir une vision globale du problème. Tous les patients qui pourront être pris en charge dans la journée pour des soins non programmés ne chercheront pas une réponse le soir en ambulatoire ou en urgence. Le deuxième enjeu concerne l’exercice coordonné pluriprofessionnel, les délégations de tâches. Est-ce que le soin non programmé doit se faire forcément par un médecin ? Certains actes ne pourraient-ils pas être effectués par les pharmaciens ou les infirmiers ? Mine de rien, cela libérerait des créneaux pour les médecins qui font plus de soins au lieu de se déporter sur la PDSA.
C'est donc un problème global d'organisation ?
Dr T. M. En partie. Nous devons aussi revoir l’articulation entre la ville et l'hôpital. Comment éviter que certaines consultations arrivent aux urgences, alors qu’elles auraient pu être gérées en PDSA ? Nous sommes à un carrefour. Notre système doit évoluer, nous avons les moyens technologiques de mettre en place de nouvelles organisations. Sans penser seulement aux médecins mais en incluant tous les professionnels de santé et en tenant compte des technologies numériques d’aujourd’hui. Un meilleur fonctionnement de la médecine ambulatoire aura des répercussions positives sur la permanence des soins.
Faut-il également repenser le financement de la PDSA, très contraint et hétérogène selon les régions ?
Dr T. M. Je n’ai pas d’avis arrêté sur la question, mais je ne prône pas une homogénéisation, aussi bien des pratiques que du financement. L'organisation doit s’adapter aux territoires et à la démographie médicale locale.
* Le Dr Mesnier a été chargé par Agnès Buzyn de rendre un rapport sur les soins non programmés.
Dr Thomas Mesnier député LREM de Charente* « Simplifier l'exercice aura une incidence sur l'activité le soir et le week-end »
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Publié le 26/01/2018
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Le médecin urgentiste et député LREM de Charente a été chargé par Agnès Buzyn de rendre en juin un rapport sur les soins non programmés. Ce sujet, qui englobe la permanence des soins ambulatoires, préoccupe les pouvoirs publics. Le Dr Mesnier mise sur une meilleure organisation des soins pour renforcer l'activité en journée et donc réduire les actes pendant les gardes.

Thomas Mesnier
Crédit photo : Jean-Luc Hauser
Propos recueillis par Amandine Le Blanc
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Source : Le Généraliste: 2820
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