Un émissaire pour faire venir des médecins étrangers ? Certains n’ont pas attendu la mesure évoquée par Gabriel Attal ! C’est le cas de Cousance… La petite commune jurassienne de 1 300 âmes vient d’accueillir deux généralistes : la Dr Elena Melincianu, native de Roumanie, et son confrère espagnol, le Dr Francisco Vega-Ortiz. Pour cela, la mairie a fait appel à un cabinet belge, spécialiste du recrutement de médecins étrangers au sein de l’Union européenne. Alors que les consultations ont débuté en fin d’année dernière, retour sur le parcours d’une mairie qui n’a pas ménagé sa peine et ses finances !
« Ça se passe très bien ! Les habitants sont satisfaits… », fait valoir Christian Bretin, maire de la municipalité. Les départs en juillet 2021 des deux généralistes en place à Cousance, avaient plongé un bassin de plus de 5 000 personnes dans le désarroi. Un véritable « traumatisme », n’hésite pas à souligner l’édile. Depuis lors, ce dernier s’était lancé, avec son équipe et trois autres maires, dans la quête de solutions.
Les élus engagent alors, une démarche d’alerte auprès des autorités de tutelle. Ainsi, ARS et CPTS ont été conviées aux réunions de crise. Sans grand succès. « On a très vite produit une petite brochure que l’on a envoyée à 49 facultés de médecine françaises… ». Échec total ! Pas un seul retour… « Pourtant nous sommes en zone de revitalisation rurale (ZRR). De fait, un médecin qui s’implante bénéficie d’une aide financière de l’ARS de 50 000 euros répartie sur deux exercices et assortie d’une exonération fiscale pendant cinq ans… », rapporte le maire de Cousance.
Cabinet spécialisé dans le recrutement de praticiens étrangers
Dépitée mais toujours mobilisée, l’équipe municipale change de stratégie et s’alloue en 2022, les services d’un cabinet belge, spécialiste du recrutement de médecins étrangers au sein de l’Union européenne. Une décision prise, bien entendu, après les vérifications d’usage et les retours positifs de trois autres communes clientes dudit cabinet. Un contrat a été signé en mars 2022 pour faire venir deux médecins. Et pour préserver son activité, la pharmacie en place, qui avait rénové son officine peu avant le départ des généralistes précédents, a tenu à participer financièrement au contrat. « Le coût s’est élevé à 40 000 euros pour trouver deux praticiens. La pharmacienne a contribué à hauteur de 10 000 euros… », détaille l’édile de Cousance.
Sans cabinets médicaux en propre, la commune acquiert un local pour 100 000 euros et fait effectuer des travaux d’aménagement pour créer un pôle médical. Un investissement lourd de 180 000 euros qui s’additionnent au contrat passé avec le cabinet de recrutement. Toutefois, précise l’édile « nous avons été aidés par des subventions de la préfecture et du département à hauteur de 32 % des sommes engagées. » Si la convention de recrutement prévoit la prise en charge la première année, des loyers des cabinets et des logements par la municipalité, elle engage, aussi, la future relève pour cinq ans, a minima, d’exercice.
Ça a matché !
Et au bout de huit mois, « ça a matché ! », se réjouit encore le maire Christian Bretin. C’est d’abord le Dr Francisco Vega-Ortiz né en Espagne qui a fait acte de candidature en octobre 2022. Suivi par son homologue roumaine, la Dr Elena Melincianu en janvier 2023. « Nous sommes alors rentrés dans un processus d’échanges et de dialogues réguliers uniquement en visioconférence, avec nos deux futurs omnipraticiens ». Toujours aux manettes, le cabinet de recrutement belge a organisé (et pris en charge) en août dernier, une semaine d’intégration pour les deux médecins étrangers et leurs familles. Les candidats ont pu ainsi, rentrer en contact direct avec l’ensemble de la commune, les chirurgiens de l’hôpital de Lons-le- Saunier et les structures médicales et paramédicales du territoire. « Victoire », c’est ce que l’édile a pensé très fort ! Car à l’issue de ses quelques jours, chacun des praticiens a officiellement décidé de s’installer à Cousance.
Le Conseil de l’Ordre du 39 prend la main
Le ministère de la santé a par la suite instruit leurs dossiers. Avant de les transmettre – avec avis favorable - au Conseil de l’Ordre du 39. « La médecin roumaine a été validée presque dans la foulée et a débuté ses consultations en novembre 2023. Le Conseil de l’Ordre a cependant demandé au médecin espagnol d’obtenir le Diplôme de français professionnel Médical B2. Car il était encore un peu juste au niveau linguistique. D’ailleurs la convention passée avec le cabinet de recrutement incluait 180 heures d’apprentissage de la langue française… », détaille le maire de Cousance. L’un et l’autre, désormais en activité, ils débutent « en vitesse de croisière » avec 15 à 20 consultations par jour. Les deux médecins ont choisi d’être indépendants au sein du même pôle médical. « Ça se passe globalement plutôt très bien. Néanmoins, ils ont quand même eu des difficultés quant à la forte gestion administrative qui incombe ici, aux professionnels de santé… », souligne encore l’édile. Joint par le Quotidien, c’est ce que relève, en effet, le Dr Francisco Vega-Ortiz qui apprécie par ailleurs : « Une patientèle très respectueuse et polie. C’est vraiment différent en Espagne. »
Pas de surrisque pendant la grossesse, mais un taux d’infertilité élevé pour les femmes médecins
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols