LE QUOTIDIEN - En tant que médecins scolaires, êtes-vous amenés à agir préventivement face à la violence ?
Dr BLANDINE BASALO - Cela fait partie de nos préoccupations. En équipe, avec les infirmières, les assistantes sociales et les conseillers d’éducation, nous sommes amenés, dans le cadre des Comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté, à intervenir au niveau de l’élaboration, de la mise en uvre, de la coordination et de l’évaluation de projets d’action relatifs à la prévention de la violence en général. Les élèves, à travers des forums-théâtres, mais aussi avec des partenaires extrascolaires comme les services de la jeunesse, sont également mobilisés. Des démarches de ce type peuvent être orientées plus spécifiquement en direction de certains groupes d’élèves, si cela apparaît utile.
Dr MARTINE LEPRETRE - Là où il y a violences latentes ou craintes de débordements, nous agissons en amont.
Et, que se passe-t-il lorsque la violence s’est déclarée ?
Dr M. L. - Dans les Hauts-de-Seine, nous disposons de six cellules d’écoute, composées chacune d’un médecin, d’une infirmière, d’une assistance sociale et d’une psychologue formées sur la base du volontariat par le SAMU et des psys. Mandatées par l’inspection académique, nous allons par deux - médecin/assistante sociale ou infirmière/psychologue - dans les établissements ayant vécu un événement traumatisant pour la communauté scolaire, ce dans la demi-journée ou le lendemain. Je pense au suicide d’un élève, par exemple, qui s’est produit dans un parc voisin de son lycée, pendant l’heure du repas. L’Inspection nous a demandé d’aller sur place pour effectuer une analyse de la situation, avec le proviseur et le corps enseignant. Concomitamment, nous nous rendons auprès des élèves de la classe concernée deux ou trois d’entre eux auront besoin d’un colloque singulier et nous nous entretenons aussi avec leurs profs afin de les aider à recréer une médiation avec les camarades du suicidé. Puis, le soir, nous accueillons des parents désemparés. Après deux journées passées sur le terrain, nous assurons un suivi pendant un mois avec l’équipe de santé scolaire du lycée et le centre médico-psychologique de secteur.
Dr B. B. - Un tel dispositif vaut pour les collèges et les lycées mais également dans les écoles. Une circulaire de l’Éducation nationale, du 12 janvier 2001, nous demande de fournir un soutien psychologique et une assistance immédiate aux victimes ou témoins d’un événement traumatisant. Et il appartient au médecin scolaire de jouer, en la matière, un rôle de conseiller.
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