C’est une dégradation supplémentaire, s’il en était besoin, dans les relations entre l’Assurance-maladie et les biologistes médicaux. Alors que les syndicats privés et publics de la spécialité (SNMB, Biomed, FNSPBHU, SNBH, SDBio, SLBC, SNMB-CHU) font déjà front commun contre la Cnam, qui menace de baisser à nouveau les tarifs du secteur dès septembre, pour une économie estimée à 360 millions d’euros par an (soit 120 millions sur les quatre derniers mois de cette année), c’est une nouvelle ligne de fracture qui a surgi en cette fin août.
En cause, une modification des paramétrages des solutions de gestion qui compromettrait la facturation du forfait numérique, négocié en 2020 entre l’Assurance-maladie, pour transmettre alors les résultats du Sars-CoV-2 au système épidémiologique Sidep (Système d’information de dépistage populationnel) en ville et à l’hôpital. « À ce jour, sans modification de nos paramétrages, nous pouvons toujours facturer ce forfait indispensable à la facturation de la PCR Covid », explique l’intersyndicale des biologistes. En revanche, les mises à jour programmées par les éditeurs pour envoyer les résultats via le nouveau mode de transmission contesté LABOé-SI n’apporteraient aucune garantie de paiement, au contraire, puisque l’Assurance-maladie « refuse la mise en place du forfait numérique global » en rapport avec ce nouveau système informatique. « Non aux mises à jour des SGL [solutions de gestion de laboratoires] pour LABOé-SI ! », clament donc les syndicats de biologistes à l’unisson appelant leurs confrères au boycott. Tous estiment que si le champ des examens transmis est étendu (à d’autres examens que le Covid), les biologistes ne pourront plus facturer le forfait Sidep et surtout, au-delà, ne pourront jamais obtenir la « juste » rémunération pour le travail de collecte et d’encodage réalisé.
Climat de défiance avec la Cnam
En cette fin d’été, les biologistes se rappellent donc au bon souvenir de Thomas Fatôme, patron de la Cnam. « Nous sommes face au silence total du DG de l’Assurance-maladie, tonne François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes (SDBio). Alors que nous avions construit quelque chose avec les directeurs précédents, dont Nicolas Revel, le climat actuel est à la défiance ».
L’union syndicale entend s’appuyer sur la colère des quelque 10 200 biologistes médicaux du territoire – des secteurs privé et public. « Pour l’heure, en continuant à passer par Sidep, nous montrons à la Cnam que nous facturons convenablement, mais nous envoyons des données au sein d’un tuyau dans lequel… il n’y a plus rien au bout », ironise François Blanchecotte. Or, rappelle-t-il, l’intérêt du système de surveillance épidémiologique est précisément de donner une image en temps réel de ce qui se passe sur le terrain, à la fois aux agences régionales de santé et aux pouvoirs publics.
La stratégie de refus des mises à jour « imposées » sera-t-elle efficace pour reprendre langue avec l’Assurance-maladie ? En attendant, les biologistes demandent aux éditeurs informatiques de se tenir à leurs côtés dans cette bataille.
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