« Aujourd’hui, les décideurs politiques ne savent pas ce que nous faisons », a déploré Didier Daoulas, président de l’Upsadi (Union des prestataires de santé à domicile indépendants), lors d’une conférence de presse le 21 janvier. Alors qu'ils prennent en charge près de 4 millions de patients, dont 2,5 millions pour des pathologies respiratoires, les prestataires de services et distributeurs de matériel — ou prestataires de santé à domicile, PSAD- qui rassemble 450 adhérents estiment ne pas être reconnus dans le parcours de soins. Pour y remédier, leur syndicat s’est appuyé sur une enquête menée avec l’association Santé respiratoire France (Respilab) auprès de 9 807 patients équipés d'un dispositif médical pour le traitement d’une pathologie respiratoire et 240 prescripteurs (pneumologues, ORL, cardiologues, neurologues, médecins généralistes).
Premier résultat : patients comme prescripteurs font confiance aux PSAD. « Cette confiance concerne plusieurs prestataires, ce qui montre une large collaboration », a commenté le Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue et président de Respilab. Selon l’enquête, un prescripteur travaille en moyenne avec six prestataires.
Un gain de temps médical
Cette confiance concerne d’abord le rôle des prestataires en matière de formation des patients à l’utilisation de l’appareil, dans le contrôle, l’entretien, le bon usage de l’appareil pour s’assurer de l’efficacité du traitement. Au-delà de ces aspects pratiques, les prescripteurs reconnaissent l’utilité des PSAD pour apporter « le soutien moral aux patients » sur le long terme pour améliorer leur qualité de vie.
Les informations d'utilisation des dispositifs communiquées par les PSAD sont à ce titre considérées comme particulièrement « utiles » à la prise de décision médicale et au suivi des patients pour près de neuf prescripteurs sur dix. « C’est aussi une aide à la prescription par rapport aux données transmises », a ajouté le Dr Le Guillou. Pour traduire encore plus ce niveau de confiance et de collaboration, l’enquête révèle que près de neuf prescripteurs sur dix (89 %) déclarent confier la réalisation d'examens complémentaires (capnographie, oxymétrie) aux prestataires.
Une formation paramédicale
Interrogés sur les pistes d’amélioration pour le rôle des PSAD, les prescripteurs ont évoqué des actes utiles au suivi des patients (capnographies ou oxymétries) mais aussi des missions validées telles que « l’accompagnement thérapeutique » cité par 92 % des prescripteurs ou la remontée d’informations complémentaires sur les conditions de vie du patient (logement, présence d’un proche aidant), sur son état physique (variations pondérales, fatigue, difficultés d'endormissement, etc.), les évènements de santé (hospitalisation, consultation, etc.) ainsi que son état psychologique. Mais dans cette perspective d’élargissement du périmètre d'intervention, 95 % des prescripteurs estiment qu’une « formation paramédicale reconnue » par l’État serait nécessaire.
Au vu de ces données, l’Upsadi revendique toujours une reconnaissance du rôle « essentiel » des prestataires de santé à domicile à travers d’un véritable « statut » pour les entreprises du secteur. « Nous ne souhaitons pas prendre la place des autres mais simplement être reconnus comme des acteurs de santé de proximité pour être présents dans les réunions qui concernent le domicile », a insisté Didier Daoulas. Une proposition de loi en ce sens avait été déposée par le sénateur (LR) du Vaucluse, Alain Milon, en avril 2023. Mais cette tentative de reconnaissance des PSAD en tant que profession de santé avait suscité une levée de boucliers, certains acteurs médicaux redoutant l’ubérisation du système de santé.
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