C’est une nouvelle épine dans les pieds de la Cnam. Dénoncé rapidement par MG France, le dispositif des groupes d’analyse de pratiques (GAP) à destination des médecins est désormais rejeté par trois autres syndicats signataires de la convention médicale : le FMF, le SML et Avenir Spé-Le Bloc.
Dans un communiqué intersyndical, les quatre organisations dénoncent la lecture « administrée et contrainte » qu’ont selon eux la Cnam et l’Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC) sur le déploiement de ce dispositif conventionnel. Pour rappel, les groupes d’analyse de pratiques doivent permettre aux médecins d’échanger sur leurs pratiques avec pour objectif d’améliorer la pertinence de leurs prescriptions.
Dans la ligne de mire des contestataires ? L’appel à projets de la Cnam et de l’ANDPC, qui limite la sélection à « un seul organisme de développement professionnel continu par région chargée du déploiement, de l’accompagnement méthodologique, du suivi et de l’évaluation de l’impact de groupes d’analyse de pratiques de 10 à 15 médecins libéraux », généralistes ou spécialistes. Seuls les organismes enregistrés auprès de l’agence du DPC pour les médecins et l’évaluation des pratiques pourront se porter candidats. « Pourquoi se limiter à un seul organisme par région ? fustige le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint de MG France. Les médecins qui ont l’habitude de faire leur formation dans tel organisme n’iront pas dans le seul organisme proposé. »
Un ou plusieurs cahiers des charges ?
Autre point de mécontentement : le cahier des charges. « Il est trop lourd et techno car calqué sur le modèle des groupes qualité* trop élitiste », embraie le Dr Sophie Bauer, présidente du SML. « Il n’est pas du tout adapté aux problématiques des spécialistes. Les thématiques pour un cardiologue ne sont pas les mêmes qu’un neurologue », justifie le Dr Patrick Gasser. Le gastroentérologue de Nantes demande dans la foulée l’élaboration d’un cahier des charges différent pour les spécialistes hors médecine générale.
Les signataires du communiqué réclament aussi « la mise en place d'un groupe de pilotage national constitué par la Cnam et les syndicats signataires de la convention ». Ce groupe serait alors chargé de déterminer « un cahier des charges ouvert à toutes les associations de formation médicale qui le souhaitent », de vérifier l’activité de ces structures et de s’assurer « de l’efficacité d’un dispositif ambitieux, nécessaire mais exigeant ».
Éviter les batailles de part de marché
Non-signataire du communiqué, la CSMF n’a pas du tout la même analyse. Son président, le Dr Franck Devulder, explique au Quotidien que la sélection d’un seul organisme par région éviterait ainsi « la multiplicité d’organismes appelés à proposer des groupes d’analyse des pratiques ». « Avec cette solution, on évite une nouvelle bataille de part de marché entre tel ou tel organisme d’obédience syndicale ou commerciale », justifie le gastroentérologue de Reims. La centrale polycatégorielle défend le modèle de groupes qualité développé déjà dans cinq régions. « Ces groupes ont montré leur efficacité, alors étendons ce modèle dans d’autres régions », plaide le Dr Devulder. La CSMF ne souhaite pas pour autant mettre de l’huile sur le feu et appelle la Cnam et tous les syndicats à revenir à la table des négociations pour que la démarche soit « faisable » et « pas contraignante ».
* Créés en 2001, ces groupes qualité regroupés dans une fédération se fondent « sur un engagement collectif permettant aux médecins d’une même zone géographique de se rencontrer régulièrement pour échanger et développer une démarche réflexive sur leur pratique ».
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