Le jeune médecin généraliste est un spécimen très convoité. Rien de mieux pour lui que de faire un tour dans les allées du 23e congrès de l’Isnar-IMG pour se sentir désiré.
Les stands des divers départements et régions font tous l’article de leurs territoires et de ce qu’ils sont prêts à mettre en place pour les futurs médecins. La plupart des pauses et des forums pendant le congrès sont aussi consacrés à la présentation des initiatives : en DrômArdèche, Occitanie, Tarn-et-Garonne ou encore dans l'Yonne.
Elle est belle ma région
Et déjà lors de l’ouverture de ces deux jours qui réunissent 800 IMG à Lyon, la vice-présidente de la région Aura, Laura Fautra, a fait l’article de son territoire.
« Notre région est belle, dynamique, innovante et a besoin de jeunes médecins. Nous avons de nombreux dispositifs pour vous faciliter la vie », a-t-elle souligné, mettant en avant les différentes bourses et primes à l’installation versées par la région.
Une publicité en règle qui a permis à la ministre déléguée aux Professions de santé Agnès Firmin Le Bodo d’ironiser au moment de prendre la parole pour remercier l’élue rhône-alpine de ce « tour opérator ».
Mais la ministre a rappelé que partout où elle allait en France les élus locaux vantaient les mérites de leur région, et qu'avec 87 % du territoire en déficit de médecins, partout ils avaient besoin de ces forces vives. Ce qui, au moment de conclure son allocution au centre des Congrès l’a poussé à préciser que de voir 800 internes réunis devant elle la rendait « positive et optimiste », pour ajouter un peu rêveuse : « vous allez vous installer… peut-être… sûrement, et partout en France nous avons besoin de vous ».
Repousser les assauts des députés
Pourtant derrière cette opération séduction, les jeunes médecins entendent également souffler de plus en plus fort le vent de la coercition.
« L’Isnar-IMG doit réagir toutes les semaines à des propositions inattendues », souligne ainsi le président du syndicat Raphaël Presneau.
Ce dernier explique que la difficulté réside notamment dans le fait qu’il n’existe pas de ligne partisane sur ce sujet. Dans chaque formation politique, se trouvent des élus pro et anti coercition.
Si on ajoute à cela, l’absence de majorité absolue à l’Assemblée pour le gouvernement depuis les dernières élections, on se retrouve alors face à des perspectives de plus en plus incertaines sur les différents projets de loi qui continuent à fleurir sur le sujet.
Comme l’a présenté l’Isnar-IMG, lors du Congrès, deux textes à venir attirent en ce moment leur attention. Celui du parti de la majorité Horizons propose la suppression de la liberté d’installation, qui serait soumise à autorisation de l’ARS. Il comprend aussi une obligation de participer au service d’accès aux soins. La proposition doit être examinée à l’Assemblée début mars mais les internes seront auditionnées dès lundi prochain sur celle-ci.
Un autre texte, transpartisan lui, déposé le 3 janvier, veut mettre en place l’obligation de s’installer en zone sous-dense, sauf en cas de départ à la retraite dans une zone « surdense », la limitation à quatre ans de la durée du remplacement ou encore la nécessité de donner un préavis de six mois avant le départ de son cabinet.
Le Dr Élise Fraih, présidente du syndicat des remplaçants et jeunes généralistes ReAGJIR, explique que son syndicat est « vent debout » contre ces propositions qui « démontrent une méconnaissance totale de tous les acteurs et sont contreproductives, démotivantes et bêtes ».
Le gouvernement continuera de s'opposer à la coercition
Lors de son échange avec les administrateurs de l’Isnar-IMG pendant le congrès, Agnès Firmin Le Bodo a cherché à rassurer les IMG sur le sujet de la coercition.
Elle a assuré que le gouvernement continuerait à donner un avis défavorable à ces diverses propositions de lois.
Mais cela n’a que « moyennement rassurés » les internes, confie la porte-parole du syndicat Barbara Bégault. À l’heure où des soutiens à la coercition peuvent se retrouver dans les rangs de tous les partis. « Nous sommes encore très inquiets », ajoute-t-elle.
Une inquiétude qui transparaît notamment dans les interventions des internes pendant ce congrès. Lors du flash actu consacré à la question, l’une d’entre elles a ainsi interpellé le Dr Agnès Gianotti, présidente de MG France, pour savoir si les jeunes médecins pouvaient compter sur le soutien de leurs aînés pour ce combat.
« Nous allons nous mobiliser avec vous pour la grève du 14 février. Mais est ce que de notre côté nous allons aussi pouvoir compter sur votre soutien ? Car lorsqu’on échange avec nos aînés nous avons l’impression que certains sont plutôt partisans de laisser pourrir le sujet », a-t-elle interpellé.
Pas d’ambiguïté du côté du Dr Gianotti en tout cas, « vous, c’est nous », a-t-elle répondu en guise d’affirmation aux internes du soutien du syndicat sénior.
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