Plus de 600 internes de médecine générale étaient attendus au palais des congrès de Tours pour la 22e édition du congrès de l'Isnar-IMG (intersyndicale nationale qui fédère 23 structures locales et réunit quelque 6 000 internes MG). Deux jours d’ateliers et débats pour réfléchir à une pratique solidaire, verte et inclusive. « C’est un enjeu très important pour les jeunes générations d’autant plus que la santé environnementale n’est que très peu – voire pas du tout – abordée pendant nos études, ou seulement sous le prisme de l’antibiorésistance », justifie Mathilde Renker, présidente de l’Isnar-IMG.
Alors que le secteur de la santé concentre à lui seul 4,6 % des émissions carbonées sur la planète, « les internes sont amenés à réfléchir dès le début de leur exercice à l’impact environnemental de leur cabinet, par exemple sur le nombre de déchets médicaux que nous jetons », illustre l’interne nancéienne, qui consacre une table ronde et un atelier sur le sujet.
Les territoires, mais pas à n'importe quel prix
À quelques semaines de l’élection présidentielle, l’Isnar-IMG profitera de cet événement pour plancher sur des propositions communes avec le Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR) et l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf). Si la jeune génération ne compte dévoiler ses recos partagées que dans quelques semaines, un des fils conducteurs de ces travaux sera d'« axer la formation des internes sur la découverte des territoires dans de bonnes conditions ». Le constat demeure d'une formation initiale trop hospitalocentrée qui ne prépare pas assez les juniors à la médecine de ville.
Alors que certains candidats – comme la socialiste Anne Hidalgo ou l'écologiste Yannick Jadot – proposent une quatrième année d’internat de médecine générale en zone sous-dense, la présidente de l'Isnar-IMG juge que « ce n’est pas une bonne idée car il faut que cette année supplémentaire soit réellement formatrice », et non pas un « palliatif » aux déserts médicaux. Aides au logement pour les étudiants, augmentation de l'indemnité de transport en stage ambulatoire (toujours plafonnée à 130 euros brut par mois) : autant « d'axes prioritaires avant d’envisager d’envoyer tous les internes dans les déserts médicaux », recadre Mathilde Renker.
Exercice mixte et carrières souples
Pour le quinquennat à venir, les futurs généralistes défendront également les couleurs de l’exercice partagé entre la ville et l'hôpital avec l'objectif de décloisonner les secteurs. « On passe toujours des heures au téléphone à chercher des places pour hospitaliser nos patients, un réel lien ville-hôpital nous ferait gagner beaucoup de temps », plaide Mathilde Renker. Au-delà, elle propose de simplifier au maximum les règles de l'exercice mixte « et permettre aux généralistes d’exercer un ou deux jours par semaine à l’hôpital, en gériatrie par exemple ».
Afin d'encourager le travail en équipe, l’Isnar soutient par ailleurs le développement des Hébergements territoriaux des étudiants en santé (HTES), des espaces de vie où cohabitent étudiants en médecine, futurs kinés, sages-femmes ou infirmiers. « Cela nous permet de nous faire confiance, de connaître les compétences de chacun pour réfléchir ensuite à une prise en charge globale du patient », avance Mathilde Renker. Les internes de médecine gé en sont convaincus, ils veulent « se battre pour la qualité des soins, plutôt que la quantité des actes » avec l’aspiration « d'une meilleure qualité de vie pour nous, et pour les patients ».
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