LE QUOTIDIEN : Vous dirigez l'Hôpital américain de Paris depuis mars 2017. Quelle est votre stratégie pour les cinq ans à venir ?
Pr ROBERT SIGAL : J'ai été recruté car je suis médecin ! J'ai 30 années d’expérience dans le secteur hospitalier et dans l'industrie des technologies médicales de pointe. Je veux imprimer une stratégie médicale d'excellence en mobilisant cette double casquette. La qualité de la prise en charge médicale, l'expérience patient, la prévention et le suivi ainsi que le développement de notre accueil des patients résidant à l'étranger sont mes quatre priorités.
La filière internationale fait partie de l'ADN de l'Hôpital américain. Où en est-on ?
La patientèle étrangère constitue 28 % de nos séjours par an et 40 % de nos revenus, soit 48 millions d'euros sur 120 millions d'euros annuels. La majorité de ces patients proviennent de pays d'Afrique subsaharienne francophone, du Golfe (Koweit, Arabie Saoudite) mais aussi d'Europe, de Russie, du Kazakhstan…
Notre expertise nous permet d'accueillir de manière adéquate et personnalisée un patient japonais, chinois, russe ou américain. Un patient qui vient du Togo n'est pas un patient qui vient de la Côte d'Ivoire. Nous voulons devenir l'un des cinq meilleurs établissements européens pour la patientèle internationale. L'enjeu de cette stratégie : tirer tout l'hôpital vers le haut.
Nous allons également développer les partenariats locaux qui incluent des formations médicales sur le modèle du Gastrotraining Afrique [programme de formation des gastroentérologues africains à l'initiative de trois praticiens de l'Hôpital américain en 2014, NDLR]. Je préfère cette philosophie fondée sur la confraternité médicale que l'idée d'exporter des antennes de l'Hôpital américain à l'étranger.
Ce succès à un revers : être parfois considéré comme un « hôpital pour riches »…
Hôpital haut de gamme, j'assume, hôpital pour riches, ça non ! Une partie de notre clientèle VIP génère des fantasmes dans l'opinion publique. Mon mandat sera réussi si je parviens à transformer cette image faussée. Nous sommes un hôpital premium, où l'on pratique une médecine haut de gamme sur plusieurs secteurs, en cardiologie ou sur le cancer du sein par exemple.
Une autre de nos réussites est le check-up center de l'hôpital, consacré à la médecine de prévention et de dépistage. 7000 patients, pour deux tiers salariés d'entreprises partenaires, y effectuent un bilan de santé personnalisé complet par an.
J'ajoute que quand un patient arrive à l'accueil, il est systématiquement pris en charge par un médecin senior dont le nom est affiché sur la porte de sa chambre.
Je rappelle un fait qu'on oublie trop souvent : l'Hôpital américain est un établissement privé à but non lucratif. Nous ne touchons aucune subvention d'État et réinvestissons nos revenus.
Les médecins qui y exercent sont des libéraux. Avez-vous mis en place une politique de maîtrise des dépassements d'honoraires ?
Nous travaillons avec 350 médecins libéraux seniors, dont un noyau dur de 120 professionnels. Ils sont libres de fixer leurs honoraires. À l'Hôpital américain, les tarifs sont plus élevés car la qualité de prise en charge est au rendez-vous. Cela étant dit, certaines pratiques peuvent nuire à la réputation de l'établissement. Quand c'est le cas, l'institution a le droit de dire : stop ! On met le holà.
La recertification médicale est dans l'air du temps. Évaluez-vous vos praticiens ?
Tous les deux ans, nos médecins passent devant un comité d'accréditation composé notamment de pairs, qui vont analyser la conformité de leur pratique médicale, les tarifs, la qualité des dossiers. C'est un système d'évaluation qui repose sur les standards américains. Pour filer la métaphore, le médecin ne repasse pas son permis de conduire mais on vérifie qu'il est toujours aussi bon conducteur !
L'Hôpital américain est également sous le coup d'une double certification de la Haute autorité de santé (HAS) et de la Joint commission [l'équivalent américain, NDLR]. Toutes deux valident la qualité et la sécurité des soins que nous apportons aux patients. Cette double accréditation est unique en son genre.
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne
Denis Thuriot (maire de Nevers) : « Je songe ouvrir une autre ligne aérienne pour les médecins libéraux »