Les hôpitaux privés constituent « un maillon indispensable de l’offre de soins » aux côtés des hôpitaux publics mais souffrent d'une inégalité de traitement, déplorent des médecins du secteur dans une lettre ouverte à Élisabeth Borne, publiée ce lundi dans Le Figaro. Signé par 127 présidents de commission médicale d’établissement (CME) et 1 018 médecins du secteur privé, le courrier rappelle que les cliniques soignent plus de 80 % de la population et sont dotées de 130 services d’urgence.
Les signataires de la lettre ouverte à la Première ministre estiment que le rôle des hôpitaux privés est aujourd’hui non seulement « sous-estimé par les pouvoirs publics », mais aussi « trop souvent caricaturé ». Ceux-ci réalisent pourtant plus de la moitié de la chirurgie en France, mais aussi 40 % de la chirurgie du cancer, plus du tiers de chimiothérapies et plus de 20 % des soins palliatifs, insistent-ils.
Investis dans la PDS
Qu’ils soient urgentistes, réanimateurs ou chirurgiens, les hospitaliers du secteur privé sont également « investis au quotidien dans la permanence des soins », poursuit le courrier. « Nous sommes de garde la nuit, le dimanche, les jours fériés », tiennent à souligner les auteurs qui disent assurer la prise en charge d’urgence de trois millions de patients chaque année.
Le secteur hospitalier privé accueille « tous les patients », plaide la lettre ouverte, dont 20 % relevant de la complémentaire santé solidaire, de l'aide médicale d'État (AME) ou de la protection universelle maladie (Puma).
Les pouvoirs publics n’ont jamais été aussi tentés « de multiplier les différences de traitement entre le public et le privé », observent encore les médecins signataires qui pensent concourir « de la même manière » que leurs confrères du secteur public au « service public de santé ».
Raison pour laquelle ils ont du mal à comprendre qu’il soit si « difficile » d’obtenir « la juste rémunération pour les heures de nuit, du dimanche et des jours fériés ». Ceux-ci font référence à la récente revalorisation des sujétions (travail de nuit, week-end et jours fériés) du personnel paramédical de l’hôpital public et du privé associatif. Des mesures qui ne concernent pas les hôpitaux privés, déplore la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP).
La FHP en soutien
Contacté par Le Quotidien, Lamine Gharbi, président de la FHP, considère que « ces mesures doivent impérativement être transposées au secteur privé ». D'autant plus que la récente revalorisation du point d’indice dans la fonction publique « n'a pas trouvé de transposition équitable pour les établissements de santé privés ».
Le président de la FHP observe également que les professionnels de santé des cliniques (hors médecins) sont « moins bien rémunérés que leurs collègues du public alors qu’ils effectuent les mêmes missions au service des mêmes patients ». Et de préciser que l’écart des rémunérations nettes est de 9,4 %, selon un rapport de la Drees de juillet 2023.
La FHP en profite pour évoquer un récent rapport de la Cour des comptes intitulé « Les établissements de santé publics et privés, entre concurrence et complémentarité ». Celui-ci prône « une rénovation du service public hospitalier pour une pleine association des acteurs privés à la réponse aux besoins de santé sur les territoires », ce qui « nécessite une équité de traitement entre tous », demande Lamine Gharbi.
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