UNE TRENTAINE de thèses étaient en lice. Au final, seules les 3 meilleures ont été retenues par le jury de l’URML. « Chaque année, les candidats sont de plus en plus nombreux », assure le Dr. Michel Roueff, président de l’URML. Créé en 1994 sous le gouvernement d’Edouard Balladur, l’URML a depuis récompensé nombre de travaux. «La circulation de l’information médicale : évaluation du lien complexe ville-hôpital » par le Dr Gaël Hubert en 2007, « Il faut agir contre la dépendance » par le Dr Anouk Foison. « En 2006, les travaux du Dr Coralie Braun Neves avaient pour thème "Être ou ne pas être médecin généraliste", tant il est difficile aujourd’hui d’exercer cette profession », souligne le Dr Roueff.
Cette année, deux des trois lauréates ont mis à l’honneur les femmes. Le premier prix (6 000 euros) a été décerné au Dr Véronique Allezy pour « L’anneau vaginal contraceptif Nuvaring, exemple de diffusion d’un nouveau moyen de contraception ». Le deuxième prix (3 000 euros) a été décerné au Dr Coline Bégué pour « La femme ménopausée et son médecin dans l’histoire. Les traitements proposés ». Le troisième prix (1 500 euros) est revenu au Dr Mélanie Besnier pour sa thèse « Les inégalités sociales de santé : quelles interventions pourraient réduire le gradient social de soins en médecine générale ? Analyse systématique de la littérature ».
Pour le Dr José Clavero, président du jury, les trois lauréates sont la preuve que « la profession se féminise et que la société est en pleine mutation sociale ». Pour sa part, le Dr Gérard Lyon, coordonateur du comité de lecture, a suggéré que ces thèses puissent servir dans le cadre de l’union - celle du Dr Véronique Allezy sera ainsi certainement présentée au congrés de médecine générale de Nice, en juin prochain. Et il a chaleureusement encouragé chacune d’entre elles à s’installer comme médecin libéral, certifiant que « la profession en a besoin ».
« On veut s’installer, mais pas à n’importe quel prix ».
C’est bien l’intention de Véronique Allezy, 30 ans. Pourquoi avoir consacré sa thèse à l’utilité de l’utilisation de l’anneau vaginal contraceptif ? « Le nombre d’IVG ne diminue pas, malgré l’existence des contraceptifs actuels. L’anneau est facile d’utilisation. Les femmes peuvent le mettre elles-mêmes et doivent le changer toutes les 3 semaines. » Seul hic : son prix. A 15 euros par mois non remboursé, il n’arrive pas encore à faire d’adeptes… « C’est justement pour cela que l’on doit plus communiquer à ce sujet. Pour espérer qu’il puisse être rapidement remboursé ! »
Son intérêt pour la gynécologie est né durant ses études. Elle décide de suivre ensuite un DIU de formation complémentaire en gynécologie-obstétrique car « cette discipline, c’est l’avenir de la médecine générale », assure-t-elle. Depuis la fin de son internat, elle est remplaçante dans un cabinet du 10 e arrondissement à Paris, une journée par semaine, en plus des vacances scolaires. Un cabinet, du reste, qui possède du matériel de gynécologie, indispensable, selon elle, à une bonne pratique de la profession. « Le médecin généraliste a un vrai rôle à jouer auprès des femmes. Il peut les questionner sur leur sexualité, leur dernier frottis, etc., car beaucoup d’entre elles refusent par exemple le moindre examen chez un gynécologue. »
D’ici 3 à 4 ans, le Dr Allezy envisage de s’installer, après le départ en retraite de l’un des deux médecins qu’elle remplace. Parisienne dans l’âme, son choix s’est porté vers la capitale, même si elle a conscience qu’ici, les places sont chères. « Je suppose qu’il faudra que je rachète une partie de la clientèle. En province, c’est tout le contraire. Des médecins de Bretagne nous contactent pour nous céder leur clientèle clé en main. » Mais le milieu rural, elle ne s’y voit pas. « C’est encore plus difficile… », devine-t-elle. Surtout pour la vie de famille, qu’elle souhaite préserver. « Les femmes médecins n’ont pas envie de travailler 24 heures/24. Elles accordent beaucoup d’importance à leur vie privée. Alors on veut s’installer, oui, mais pas à n’importe quel prix. »
Thèses consultables sur le site de l’URML : www.urml-idf.org.
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