« Patients en danger, personnels fatigués », « y'en a marre, y'en a marre. » Sous un ciel maussade, à deux pas de l'entrée du ministère de la Santé, plusieurs centaines de soignants des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), blouses blanches personnalisées de slogans, crient leur colère.
Ils sont réunis ce mardi après-midi pour réclamer davantage de moyens dans ces établissements, à la suite de l'appel à la grève d'une intersyndicale « inédite » (CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC et SUD) et avec le soutien de l'association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et d'associations de retraités. Ils demandent l'application du ratio d'un agent par résident, contre 0,6 en moyenne actuellement, et l'abrogation de la réforme contestée du financement.
les personnels des #ehpad rassemblés à Paris @Min_Sante @leQdM pic.twitter.com/vwWyio5hdc
— Toubon QDM (@SebastienToubon) 30 janvier 2018
« Là où je travaille, il y a 126 résidents et une seule infirmière, alors autant dire que les mesures financières annoncées par la ministre ne sont pas suffisantes, il nous faut des moyens humains », témoigne Audrey, une jeune aide-soignante. Cigarette à la main, yeux cernés, elle est accompagnée de sa collègue Véronique, t-shirt CGT sur le dos, qui travaille depuis 32 ans en EHPAD. « Les annonces, on y croira quand on verra les choses bouger, ajoute celle-ci. Aujourd'hui, on place tout le monde en EHPAD, alors que derrière, il n'y a pas les personnels formés pour s'occuper des résidents. »
Vidéo : Marie Foult
Les témoignages de ces conditions de travail « dramatiques » sont multiples. Il y a celui de Matthieu, infimier de 32 ans, syndiqué à la CFE-CGC, qui a vu la situation « se dégrader d'années en années » et demande des « moyens décents », ou celui de Virginie, aide-soignante à la maison de retraite intercommunale de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), où il y a six aides-soignantes pour 60 résidents, dont certains sont très dépendants.
Plusieurs leaders politiques et syndicaux, dont Philippe Poutou (NPA), Philippe Martinez (CGT) et Laurent Berger (CFDT), mais aussi des députés comme l'élue de la Meurthe-et-Moselle Caroline Fiat (France Insoumise), aide-soignante de formation, ont également participé au rassemblement. Dans les principales villes françaises, comme Bordeaux, Lyon, Strasbourg, Lille ou Marseille, des dizaines voire des centaines de personnes se sont rassemblées devant les agences régionales de santé (ARS) ou les préfectures. Selon l'AFP, au moins 5 000 personnes ont manifesté dans ces villes.
Interrogée ce mardi matin sur France 2, Agnès Buzyn a assuré comprendre la colère et l'épuisement des personnels. Reçus par le cabinet de la ministre, les représentants de l'intersyndicale se sont dits « déçus » à l'issue de cette rencontre. La semaine dernière, elle avait annoncé le déblocage de 50 millions d'euros supplémentaires pour les établissements en difficulté, une somme jugée « insuffisante » par les syndicats.
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