Invitée à débattre ce mardi matin avec le Think tank « Économie santé », la ministre chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, a réaffirmé sa volonté que les soignants du public et du privé « travaillent ensemble » avec les élus locaux, à l’échelle de chaque territoire.
« Les décisions unilatérales de l'avenue Duquesne et appliquées partout en France, ça ne marche pas, ça ne marche plus », a lancé d'emblée Agnès Firmin Le Bodo, qui souhaite pousser les soignants à « changer de paradigme ». Dès septembre dernier, la ministre avait ainsi proposé de créer des « groupes santé territoire », avec pour idée de « réunir ensemble, dans une même instance le public, le privé, le médico-social, les collectivités et les soins de ville », énumère-t-elle, convaincue que « les solutions viennent des territoires ».
Ces structures seront, par exemple, chargées de déployer des actions de santé adaptées à chaque département, d'organiser les parcours de soins ou encore de renforcer le lien ville-hôpital. « Relation entre les professionnels de santé et les administratifs, entre les administratifs et les élus, entre le public et le privé… Il ne faut plus s’organiser en binômes qui se regardent en chiens de faïence », assure Agnès Firmin Le Bodo.
Des structures montées d'ici à fin juin
Dès janvier, lors de ses vœux aux soignants, Emmanuel Macron avait, lui aussi, réaffirmé son idée de créer des « pactes » territoriaux. Il s'agirait de « la meilleure façon de sortir du cloisonnement ville hôpital, mais surtout de récompenser toutes celles et ceux qui sont dans cette stratégie de coopération », avait ainsi déclaré le locataire de l’Élysée. Ces structures « constitueront ainsi la courroie de transmission qui permettra de décliner les réformes nationales dans les territoires, ainsi que de soutenir les initiatives locales », avait précisé, quelques semaines plus tard, François Braun, parlant alors de « CNR territoriaux ».
« Pacte », « Groupe santé territoire » ou « CNR territoriaux » : « il faudra se mettre d’accord sur les mots », a admis Agnès Firmin Le Bodo. Dans tous les cas, d'ici au 30 juin prochain, ces structures devraient être opérationnelles à l’échelle de chaque département. « Je suis raisonnablement optimiste », a souligné la ministre, forte de six mois de rencontres CNR partout en France. « Lors des réunions, les élus et les professionnels de santé découvraient des initiatives qui existaient à moins de 20 km de chez eux, tout ça n’est plus possible ! », illustre-t-elle.
Déjà, 30 millions d’euros du fonds d'intervention régional (FIR) « vont être dédiés à ces actions territoires par territoire suite au CNR », a annoncé la ministre. Mais certaines questions au sujet du financement de ces structures locales restent en suspens : comment flécher les fonds ? Faudra-t-il laisser les professions de santé libres de dépenser l'enveloppe ? « Je me pose la question », a répondu simplement Agnès Firmin Le Bodo, rappelant qu’en tant que députée, elle avait, dans le passé, porté l’idée « d'objectifs régionaux de dépenses d'assurance-maladie (Ordam) ».
« Les jeunes médecins sont partants »
Dans la salle, l’idée d’une gestion départementalisée de la santé est saluée par la cinquantaine de membres du Think tank, qui viennent justement de rendre des recommandations dans ce sens. « La création de coalitions de santé territoriales est indispensable, car on bute toujours sur le dernier kilomètre » lorsque l’on souhaite transformer le système de santé, a résumé Philippe Leduc, directeur du groupe de réflexion. « Les jeunes médecins sont partants pour créer des organisations qui leur ressemblent », a abondé la Dr Isabelle Riom, urgentiste à l’AP-HP et membre du Think tank, qui voit dans la « liberté territoriale d’organiser les soins » un vecteur d’attractivité pour la jeune génération.
À côté des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), des contrats locaux de santé (CLS) et autres dispositifs d'appui à la coordination (DAC), les CNR territoriaux ne risquent-ils pas d'être une strate de plus ? « Non, il ne s'agit pas de recréer un machin pour recréer un machin, a assuré Agnès Firmin Le Bodo. Nous ne réussirons pas si nous ne travaillons pas tous ensemble, j’en suis intimement convaincue. »
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