Alors que Mon espace santé, version new-look du dossier médical partagé (DMP), élargie à d'autres fonctionnalités (messagerie sécurisée, agenda santé), devrait être opérationnel d'ici à janvier, l'Union nationale des associations agréées d'usagers – France assos santé – a pris le pouls des Français au sujet du numérique en santé. Au travers d'une enquête réalisée par l'institut CSA, la fédération souligne que « l'adhésion aux outils numériques pour les usagers est un enjeu crucial » mais que du chemin reste à parcourir pour généraliser cette appropriation.
Certes, le numérique en santé – au sens large – est entré dans la vie quotidienne des patients : 88 % des Français internautes ont déjà utilisé des outils en ligne comme Ameli.fr (67 %) ou les plateformes de rendez-vous (59 %). Des outils jugés plutôt fiables : deux tiers des utilisateurs des services de santé en ligne ont confiance dans la sécurisation des données de santé. Et ils sont 70 % parmi la population des malades chroniques. Mais dans le même temps, la qualité de l'information fait défaut. Moins d'un quart d'entre eux « se déclarent bien informés et disent connaître leurs droits d’opposition sur ces données ».
Bonne note pour la téléconsultation
Ce sondage accrédite la popularité nouvelle des téléconsultations depuis la crise sanitaire (20 millions de consultations à distance en 2020) : 30 % des Français qui utilisent internet ont déjà téléconsulté, contre seulement 7 % avant le Covid ! Une pratique à laquelle les Français attribuent la note de 7,4 sur 10.
« Pour les patients, la téléconsultation bénéficie de plusieurs avantages, en particulier le côté pratique (gain de temps, réduction des délais, etc.), mais ils sont conscients des limites du dispositif, commente France assos santé. Les soucis techniques ou les difficultés d’accès au numérique (...) sont vécus comme des obstacles. Et pour certains, le manque de contact direct peut déshumaniser la consultation, avec deux utilisateurs sur dix qui se sentent moins à l’aise qu’en présentiel ». Pragmatiques, 67 % des répondants jugent que la téléconsultation reste une « alternative pratique » à une consultation en présentiel et non une « solution de remplacement ».
DMP et DP encore nébuleux !
En revanche, le bât blesse sur la perception des différents dossiers médicaux, « une grande nébuleuse », ironise l'enquête. Certes, près de 8 Français sur 10 ont déjà entendu parler du DMP et un peu moins de la moitié connaissent son fonctionnement. Mais seulement 35 % des répondants ont ouvert leur DMP (45 % chez les patients chroniques) et la moitié l’utilise… « Ce faible taux d’utilisation est principalement dû au fait que les professionnels de santé ne le remplissent pas », tacle France assos santé. Depuis que la gestion du DMP est passée sous la responsabilité de l'Assurance-maladie, 10 millions de dossiers ont été ouverts.
S'agissant du dossier pharmaceutique (DP), seulement 11 % des personnes interrogées déclarent détenir cet outil. Un chiffre surprenant quand on sait que plus de 38 millions de DP sont actifs dans les officines, selon les chiffres de l'Ordre des pharmaciens.
2022, le décollage ?
Optimiste, France assos santé estime que « l’accélération de l’utilisation du numérique en santé passera sans aucun doute par Mon Espace Santé, l’espace en ligne personnalisé dont chaque assuré bénéficiera à compter de janvier 2022 ». La fédération part du principe que les services pratiques qui y seront intégrés (DMP, Ameli, messagerie sécurisée, agenda de santé, DP) susciteront un fort intérêt auprès de 70 % des usagers.
L'Espace numérique de santé est en phase pilote dans les départements de la Haute-Garonne, la Somme et la Loire-Atlantique. Résident dans ce dernier, le président de l'Agence numérique en santé, le Dr Jacques Lucas, a annoncé sur Twitter avoir ouvert le sien.
Comme usager du système de santé, je viens de créer en quelques minutes Mon Espace Santé (en phase pilote pour la Haute Garonne, la Loire Atlantique et la Somme). Je vais tester les avancées numériques ! @esante_gouv_fr @ameli_actu @Sante_Gouv @GharHela @llaurallet @annie_prevot
— Jacques Lucas (@Jcqslucas) September 21, 2021
Le risque de fracture digitale demeure. Pour France Assos Santé, un « accompagnement renforcé des populations éloignées du numérique sera nécessaire » afin de ne laisser personne au bord du chemin.
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