Quand on lui donne l’occasion de voter, l’Assemblée nationale reprend ses prérogatives, parfois pour le plus grand désarroi de l’exécutif.
Comme il l’annonçait en début de semaine, le gouvernement avait son plan prévu pour la levée de l’obligation vaccinale des soignants contre le Covid, même si cela ne ravissait pas une partie de la communauté médicale. Mais les députés en ont décidé autrement ce jeudi 4 mai. En effet, ils ont voté en première lecture une proposition de loi pour abroger, et pas seulement suspendre, l’obligation vaccinale anti-Covid des soignants.
« Le complotisme l'a emporté sur la science », a déploré le ministre de la Santé François Braun, s'opposant à un texte qui va selon lui « affaiblir notre capacité de réponse » et qui envoie un « message regrettable ».
Le complotisme l’a emporté sur la science lors des débats à l’Assemblée. La vaccination est une arme de protection massive, mais les oppositions ont décidé d’envoyer un message regrettable aux soignants. Merci à la majorité présidentielle d’être restée fidèle à ses valeurs.
— François Braun (@FrcsBraun) May 4, 2023
Conserver le droit à l'avancement de ces soignants
Le gouvernement avait déjà annoncé la réintégration à venir des soignants non-vaccinés, après un avis de la Haute autorité de Santé (HAS) et possiblement dès le 15 mai. Mais la proposition gouvernementale est insuffisante pour de nombreux députés d'opposition, notamment d'outre-mer. À l’instar de Jean-Victor Castor (Guyane), auteur du texte étudié dans le cadre d'une journée réservée à son groupe à majorité communiste.
« Le décret ne fera que suspendre les suspensions, laissant la possibilité au gouvernement » d'y recourir à nouveau, a insisté le député. Son texte prévoit également que les agents « conservent le droit à l'avancement qu'ils possédaient avant la suspension ».
« Si jamais une réinfection arrivait nous serions désarmés », a grondé le député MoDem Philippe Vigier à la tribune, même si le débat est resté globalement calme, loin de l'embrasement qu'avait suscité un texte LFI portant sur le même sujet, en novembre dernier.
Les députés de gauche se sont attachés lors du débat à rejeter les accusations en « complotisme ». « Je redis le respect que nous avons pour les scientifiques, pour la vaccination », a insisté le secrétaire national du PCF Fabien Roussel.
Plusieurs élus ont insisté pour obtenir une abrogation, afin qu'une éventuelle nouvelle obligation vaccinale passe forcément par le Parlement, et non par décret.
Les députés de la majorité présidentielle (Renaissance, MoDem, Horizons) se sont tous prononcés contre. Insuffisant face aux voix combinées des députés d'opposition, qui ont fait passer le texte avec 157 voix contre 137.
(Avec AFP)
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