Deuxième jour de déception consécutif pour les carabins et les internes de médecine générale, ou dernière lueur d’espoir ? Tous sont en tout cas sur des charbons ardents depuis l’annonce par le ministre de la Santé de la parution imminente des décrets encadrant la mise en œuvre de la quatrième année de médecine générale (la 4A).
Début juillet, Yannick Neuder avait en effet indiqué lors des journées d’été de l’Anemf, le syndicat des étudiants en médecine, que les modalités de la rémunération des docteurs juniors ambulatoires et des maîtres de stage seraient publiés au Journal officiel d’ici « quelques jours ». Au Quotidien, il affirmait même à la mi-mai qu’il serait en mesure de publier les principaux textes réglementaires « avant le 14 juillet ».
Las, en scrutant jour après jour le JO, les intéressés ont découvert jeudi 17 juillet que le texte publié concerne une dérogation à la nouvelle maquette de DES de médecine générale. En substance, l’arrêté permet aux deux prochaines promotions d’étudiants débutant la première année de la phase d'approfondissement du DES de médecine générale de pouvoir réaliser leur stage couplé en pédiatrie et/ou en gynécologie, auprès de maîtres de stage agréés, dans un lieu hospitalier autre que celui initialement prévu, décrypte Bastien Bailleul. « Le texte concerne surtout les facs de médecine d’Île-de-France et c’est plutôt une bonne chose. Mais j’admets que quand j’ai vu l’intitulé “maquette” au JO, je me suis dit : enfin ! Puis j’ai déchanté. Peut-être demain ou le jour d’après… », sourit le président de l’Isnar-IMG joint par Le Quotidien.
Ultime appel
Vendredi 18 juillet ? Toujours pas d’avancées malgré la publication d’un nouvel arrêté portant, en autres, modification de l'organisation du troisième cycle des études de médecine. « Il s’agit d’une adaptation dans le droit de ce qui existait auparavant dans les épreuves classantes nationales (ECN) aux nouvelles épreuves dématérialisées (EDN) », traduit Killian L'helgouarc'h, président de l’Isni. Concrètement, ce texte ne remet pas en question le droit au remords. Il conserve la possibilité pour un interne de changer de filière en cours de route, s’il s’aperçoit qu’il s’est trompé de voie. « C’est, là aussi, une très bonne chose et devrait rassurer beaucoup d’internes qui étaient inquiets depuis février », se réjouit le chef de file de l’Isni. Qui lui aussi se dit : peut-être demain ?
La rétrocession d’honoraires en suspens
Ces deux textes, certes positifs, ne règlent en rien la question pressante du mode de paiement des docteurs juniors. Si, en coulisses, les tractations ont bien avancé ces dernières semaines, les syndicats juniors et le gouvernement ne parviennent pas à s’entendre sur la part de la rémunération salariée, celle qui relève de variables (installation en zone d’intervention prioritaire, participation à la PDSA) et celle qui relève de prime à l’activité.
Dans un ultime appel, onze organisations, carabins, jeunes médecins et syndicats seniors* le font savoir par voie de presse ce vendredi 18 juillet. Point d’achoppement principal : l’alignement de la prime négociée avec le ministère sur celle des docteurs juniors hospitaliers.
Deux niveaux de primes de 200 euros et 500 euros ont été « actés » pour respectivement 200 et 350 consultations mensuelles, indiquent les syndicats. Or la prime de 200 euros pour les docteurs juniors ambulatoires est inférieure à celle de leurs homologues en établissement, pestent les organisations syndicales. Idem pour l’extension de la prime ZIP aux ZAC (zone d’action complémentaire) et QPV (quartier prioritaire de la ville), comme pour « les maîtres de stage universitaires », rappelle Killian L’helgouarc'h. Concernant la rétrocession d’honoraires entre docteurs juniors et maîtres de stage, clairement écartée par le ministre, l’espoir est mince, mais les jeunes le savent : tant que rien n’a été gravé dans le marbre réglementaire, tout est encore possible. La réponse définitive ne devrait plus trop tarder.
* Isnar-IMG, Comeli, FMF, MG France, Jeunes médecins, Anemf, SML, CSMF, Isni, Médecins pour demain, Reagjir
Marion Da Ros Poli (Anemf) : « Médecine, c’est pour la vie, chacun doit être libre de choisir son type d’exercice »
Assistant ambulatoire, stages dans les déserts, « engagement territorial » : les jeunes médecins dégainent leur arsenal anti-coercition
Les MSU, acteurs clés de l’encadrement des docteurs juniors
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins